C’est l’un des sujets de préoccupations des parents pendant l’été : êtes-vous pour ou contre les devoirs de vacances ?

Il s’en vend près de 4 millions par an dont les ¾ entre le 15 juin et le 15 juillet*: les parents y sont attachés, les enfants beaucoup moins… D’ailleurs seulement 25 %* des cahiers de vacances achetés sont terminés avant la rentrée.

L’été est-il fait pour permettre aux enfants de “couper” avec les apprentissages scolaires au risque d’avoir oublié un certain nombre de notions à la rentrée ? Après tout, nous les adultes, nous ne partons pas avec des cahiers de vacances… quoique… nos smartphones et nos ordinateurs peuvent être pires qu’une heure quotidienne de devoirs de vacances… Mais revenons aux cahiers que nous achetons, ou pas d’ailleurs, à nos enfants. N’y va-t-il pas autre chose à faire et à partager avec les enfants pendant les vacances d’été ? Les cahiers de vacances n’existent-ils que pour rassurer les parents ?

Et si l’été était fait pour que parents et enfants oublient la notion de “devoir” et passent du temps différemment avec leurs enfants, sans prolonger pendant l’été, ce qui est parfois déjà un véritable pensum pendant l’année scolaire ? Et si le mot “vacances” existait pour faire disparaitre temporairement le mot devoir ? La “liberté” de l’été est-elle compatible avec celle des devoirs ?

Souvenons-nous de notre appétence pour les cahiers de vacances quand nous étions enfants. Vous étiez demandeurs à peine l’école terminée, les carnets et bulletins du 3ème trimestre rapportés, de ces cahiers “ludiques” qui vous ramenaient inlassablement aux chapitres étudiés pendant l’année ? Vous les finissiez ? Vous aviez envie de les ouvrir tous les jours ? Allez, soyez honnêtes ! Je ne dois pas être la seule à avoir égaré mon cahier d’allemand première langue dans le cirque de ma tente pour y échapper !

Aujourd’hui plus qu’hier, et bien moins que demain, l’offre est pléthorique ! Des cahiers, des dvd, des sites en ligne, des applications à télécharger sur les tablettes… Difficile d’y échapper. Cette offre, constamment renouvelée et toujours plus inventive, semble en “légitimer” l’usage auprès des parents. Pour autant, si vos enfants n’ont pas eu de difficultés particulières pendant l’année, pourquoi oublieraient-ils en deux mois leurs acquis ? Et quand bien même ils auraient eu du mal avec l’une ou l’autre des notions au programme, est-il nécessaire d’emmener l’école en vacances, au risque de les décourager ? Faut-il maintenir nos enfants dans le même rythme, avec les mêmes enjeux et la même pression, qu’au cours de l’année ? Si le bourrage de crâne était une méthode efficace, cela se saurait, non ?

Alors, si pendant les vacances, nous, parents, en profitions pour apprendre à nos enfants d’autres choses et sur un autre mode en intégrant la dimension de plaisir et de partage de l’école de la vie ? Un peu comme il existe une différence entre inculquer (par la force de la répétition) et apprendre (par l’exemple, le savoir-faire…). Différence entre ces deux verbes, d’ailleurs, qu’Octave Mannoni, psychanalyste, explique en s’appuyant sur l’étymologie du mot “inculquer” : “faire entrer à coups de pied dans le cul”, là où le savoir-faire et l’expérience in situ pourrait constituer d’autres formes d’apprentissages.

  • Les visites d’un musée, d’un château médiéval, d’un site archéologique… valent bien des cours d’histoire, non ?
  • Se lancer dans un match de foot intergénérationnel doit bien ressembler à quelques cours d’éducation civique sur le savoir-vivre ensemble ?
  • Faire lire à vos enfants un livre qu’à leur âge vous avez aimé et échanger vos impressions peut bien remplacer une lecture suivie en français ?
  • L’observation d’un insecte, d’un oiseau, d’un arbre fruitier en pleine production au bord d’un chemin de promenade peuvent s’apparenter à quelques leçons de choses… euh, ça ne doit plus s’appeler comme cela depuis bien longtemps !

Enfin, peu importe, vous avez compris l’idée ! Et je peux multiplier les exemples à l’envi quant au français et aux mathématiques, etc.Tout peut être prétexte à compter, à décrire en racontant ses journées de vacances dans un journal de voyage par exemple dont le seul objectif serait que les enfants écrivent, sans s’arrêter à l’orthographe, la grammaire et la conjugaison, juste pour leur donner envie d’écrire…

Et si pendant les vacances, vous appreniez à vos enfants à jouer les “Monsieur Jourdain” et les incitiez à faire de la prose sans le savoir ! L’intérêt me direz-vous ? Outre celui de passer des moments agréables avec ses enfants en partageant, en découvrant, en explorant… résiderait également à leur montrer qu’ils peuvent apprendre en toutes circonstances sans que cela soit aussi “rébarbatif” que de noircir plusieurs pages de cahier de vacances.

Et si les vacances étaient finalement l’école de la vie, le temps d’un moment bien identifié, pendant lequel relâcher un peu la pression ne ferait de nous ni des parents laxistes ni des parents démissionnaires ?

En conclusion, pendant l’été nos bambins peuvent s’enrichir d’autres choses, autrement, avec plaisir, sans pression.

Pour aller plus loin, vous pouvez lire dans la rubrique Avis d’experts les points de vue de Laurent Bigorgne, directeur de l’Institut Montaigne et de Florent Duchesne, préparateur mental.

*Sources : étude Iredu 2001 et étude GFK juin 2014

 

De l’efficacité des cahiers de vacances 

L’Iredu dans son étude qui date de 2001, 23,4 % des enfants terminent leur cahiers de vacances et 72,2 % ne s’en sont servi que partiellement. Et les auteurs-chercheurs Jean-Pierre Jarousse et Christine Leroy-Audouin d’en conclure que les enfants qui ne vont pas au bout du cahier ne progressent pas plus qu’en enfant qui n’a pas travaillé pendant l’été.

Pour les élèves en difficulté, les cahiers de vacances sont considérés comme des soutiens pour permettre aux enfants en échec de tenter de surmonter son échec et de minimiser son stress lors de la rentrée.

Le marché des cahiers de vacances en chiffres :

  • 4,2 millions d’exemplaires ont été vendus en 2013 pour un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros.
  • Le prix moyen est de 6,10 euros.
  • Le cycle primaire représente 46% du chiffre d’affaires des cahiers de vacances. La plus forte croissance est enregistrée pour le lycée et notamment à pour les élèves de seconde, même si pour cette tranche d’âge l’offre est moins importante que pour les plus jeunes.
  • L’anglais et le français sont les matières plébiscitées lorsque le cahier de vacances n’est pas un  tout-en-un comme c’est souvent le cas pour les petites classes.
  • Les cahiers de vacances présentant des personnages issus de licences connaissent une progression plus importante que les cahiers « classiques ».

 

 

 

Publié le 30 juillet 2014 par Anne Vaneson-Bigorgne

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