Les écoles maternelles et primaires ont fermé leurs portes le 4 juillet, autant dire presque hier. Les résultats des examens divers et variés des collégiens et des lycéens sont à peine connus de façon définitive, les bulletins de notes à peine reçus, les inscriptions tout juste bouclées pour la rentrée prochaine, que les parents, en bons parents qu’ils sont ont déjà sortis les « fameux » cahiers de vacances… qu’ils ont même peut-être acheté avant les vacances !
Le cahier de vacances ou les devoirs de vacances sont le même pensum, qui chaque été, servent surtout à faire plaisir aux parents voire à les rassurer.
Et si le temps des vacances était l’occasion d’apprendre autrement ? Nos Bambins a sollicité l’avis de Florent Duchesne, préparateur mental.
Les parents pensent révisions estivales pour lutter contre l’échec scolaire. Quel est votre avis de préparateur mental ?
« En tant que préparateur mental, je vais plutôt orienter la question vers la « réussite scolaire ». A niveau de connaissances égal, nous constatons que les résultats sont différents selon les élèves, de l’école primaire aux concours aux grandes écoles. Aussi, je pense que la réussite scolaire passe par des connaissances, certes, mais également par d’autres paramètres : la confiance en soi, la concentration pendant les cours et les révisions, l’organisation, la capacité à mobiliser son énergie pendant un devoir sur table ou une meilleure gestion du stress. Personnellement, je ne le crois pas que les révisions estivales, sous la forme que nous connaissons à savoir les fameux « cahiers de vacances » répondent à tous ces paramètres. »
Que peut cacher la volonté des parents de bien faire en forçant son ou ses enfants à travailler tous les jours ?
« Je comprends tout à fait les parents qui souhaitent que leurs enfants travaillent l’été car j’en rencontre. Ils me semblent surtout désemparés et cherchent des solutions pour se rassurer sur la capacité de leur enfant à suivre l’année suivante avec davantage de facilités que l’année terminée. Ils cherchent alors des outils ou des méthodes leur permettant de maintenir les connaissances acquises ou de combler des lacunes supposées ou réelles de leur(s) enfant(s). J’élargis alors la focalisation de la seule connaissance aux autres paramètres évoqués dans ma réponse à la question précédente. »
Que conseilleriez-vous à des parents qui voudraient malgré tout faire travailler leurs enfants pendant l’été ?
« Je commencerais peut-être par remplacer le terme de « travail » par celui de « plaisir ». Par exemple, en faisant écrire un cahier de vie à un enfant, en laissant de côté, dans un premier temps, la grammaire, l’orthographe, la conjugaison. Au bout de plusieurs jours, commencer à rappeler une règle puis une autre de façon ludique et constructive, pour qu’il les intègre définitivement, avec de beaux souvenirs associés.
J’y vois plusieurs bénéfices : celui de lui faire retrouver le plaisir d’écrire sans contraintes, de lui donner confiance dans sa capacité d’écrire plusieurs lignes, et aussi de le faire se concentrer quelques minutes sur ce qu’il a fait dans la journée.
Un autre exemple me vient à l’esprit : pourquoi ne pas profiter également de chansons que l’adolescent(e) chantonne avec ses ami(e)s pour les lui faire traduire, à son rythme, avec la méthode de son choix. Cela fonctionne très bien également avec sa série favorite qu’il (elle) regardera en V.O., même sous-titrée. Dans ce cas également les bénéfices sont multiples : acquisition vocabulaire et de structures de phrases, mais aussi beaucoup d’attention et de confiance dans sa faculté à comprendre de mieux en mieux la langue étrangère entendue. »
Afin de rassurer les parents, quels conseils leur donneriez-vous pour bien préparer la rentrée, sans forcément passer par l’étape cahiers de vacances ?
« Quel que soit le niveau scolaire et la date de fin des cours, il me paraît essentiel de laisser les enfants et les adolescents se reposer et changer de rythme. N’est-ce pas d’ailleurs ce que font les parents eux-mêmes lorsqu’ils sont en vacances : se coucher et se lever à des heures différentes du reste de l’année, mettre l’organisation stricte de côté, remplacer les contraintes par du farniente, des barbecues improvisés entre amis ne feront pas d’eux des élèves moins efficaces à la rentrée.
Les parents doivent profiter aussi de ces moments-là pour être proches de leurs enfants, à l’écoute, les entendre et comprendre un peu mieux, loin du stress quotidien du reste de l’année. Ainsi, leur « challenge » pourrait-être de se concentrer sur la valorisation des enfants, en remplaçant les reproches, même minimes, par des encouragements. Cela permettra d’aider efficacement leurs enfants à surmonter les obstacles qu’ils rencontreront dans l’année scolaire à venir, tout autant que dans la vie.
Enfin, pour préparer la rentrée, il est pour moi largement suffisant qu’il (elle) se remette à l’action une dizaine de jours avant tout en favorisant la discussion : recaler peu à peu l’heure du coucher et du lever (le/la laisser choisir en en discutant avec), lui proposer de reprendre quelques chapitres de quelques cours dans deux ou trois matières ciblées (par lui/elle en fonction de son intérêt ou de difficultés rencontrées). Ainsi, il/elle se sentira autonome, responsabilisé(e) et dans un rythme qui lui permettra de gagner en concentration, en confiance et en organisation dès le jour J de la rentrée.
Bonnes vacances sereines à toutes et tous ! »
Florent Duchesne est préparateur mental et hypnopraticien. Il accompagne depuis 2009 des enfants et des adolescents (et d’adultes aussi) dans le domaine des apprentissages scolaires, de la préparation aux examens et concours, du sport, de la santé, de la performance, etc.
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