Adaptation en animation du célèbre conte d’Andersen sur une musique de Tchaïkovski par un maitre de l’animation russe, Garri Bardine.
Il était une fois une basse-cour où coqs, poules, canards et oies vivent et couvent de concert. Un beau jour, le coq découvre un oeuf énorme qu’il rajoute discrètement à la couvée de sa compagne… Très vite, un oisillon voit le jour, mais ce dernier ne ressemble à aucun de ses congénères ! Il se retrouve ainsi très vite mis à l’écart par toute la basse-cour, subissant les humiliations et les moqueries de ses compagnons à plumes. Mais un jour, le vilain petit canard deviendra un magnifique cygne blanc.
LE REALISATEUR
Garri Bardine est diplômé de l’école du théâtre d’Art de Moscou Nemirovitch-Dantchenko. II débute une carrière d’acteur dramatique au théâtre Gogol et tourne dans des films.
En 1974, il collabore à l’écriture de la pièce Don Juan, puis est invité par Sergueï Obraztsov en qualité de réalisateur-producteur au théâtre de marionnette de Moscou. En 1975, Garri Bardine commence une carrière de marionnettiste, notamment en postsynchronisation de films d’animation. Puis il passe à la réalisation au sein du studio Soyouzmoulfilm, où pendant 15 ans, il réalise des films courts d’animation.
Il a notamment, entres autres récompenses prestigieuses, remporté la palme d’or du meilleur court-métrage au festival de Cannes 1988
En 1991 il crée le studio Stayer.
Le Vilain Petit Canard est son premier long.
Un conte musical
La musique du Lac des Cygnes et de Casse-Noisette s’est naturellement imposée à Garri Bardine, qui estimait qu’il n’existait pas « une musique dramatiquement plus forte que la musique de Piotr Ilitch Tchaïkovski ».
Métaphore
« Le vilain petit canard » transplante la basse-cour en une sorte de société oligarchique hiérarchisée et bien réglée.
A travers le regard du réalisateur, cette ferme devient une métaphore du régime soviétique et bien plus encore : « Pendant l’écriture du scénario, j’ai pris du recul par rapport à ma vie, et à l’expérience acquise en vivant dans un état totalitaire. Dire que je critique l’Union Soviétique serait inexact. La basse-cour dans le film est une métaphore du totalitarisme, régime qui peut régner aussi en Afrique et en Asie… N’importe où dans le monde. »
Un thème contemporain
« L’idée de mettre en scène Le Vilain Petit Canard, m’est venue d’une constatation qui m’inquiétait : l’absence de tolérance dans les sociétés d’aujourd’hui. Et la Russie n’est pas la seule concernée. » Selon lui, l’intolérance est un thème qui « reste actuel encore aujourd’hui ».
Admiration
Ayant toujours été très admiratif du travail d’Hans Christian Andersen le cinéaste ne tarit pas d’éloge à son égard: « Ce que j’aime chez Andersen, ce sont son lyrisme et ses qualités de dramaturge. C’est un conteur qui est cruel, la sentimentalité n’est pas une qualité qui lui est propre. Il met son lecteur en condition pour affronter les épreuves cruelles de la vie qui l’attend, mais il finit la plupart du temps sur une note d’espoir. »
Un film pour tous
De la même façon que Hans Christian Andersen s’est toujours défendu de ne viser que les enfants à travers son travail d’écriture, Garri Bardine « ne fait pas des films seulement pour les enfants, mais également pour leurs parents. »
Technique d’animation
La technique d’animation utilisée pour la réalisation du film est la technique dite de la « claymation », expression désignant une animation faite à partir de volumes modelés.
Cette technique consiste à mettre en forme puis sculpter les protagonistes à partir de divers matériaux : pâte à modeler, cire, caoutchouc ou silicone.
Une fois le personnage crée de toute pièce, celui-ci est alors disposé sur un fond d’ensemble afin d’être photographier par la suite.
Il s’agit d’un travail très minutieux car la figurine doit être ensuite très légèrement déplacée avant d’être à nouveau photographiée. Ce travail est réitéré un nombre de fois très important car il devra permettre par la suite d’assembler l’ensemble de ces photographies afin de constituer le film. Enfin, les images sont montées ensemble en séquence au nombre de 10 à 12 par seconde (film non animé : 24).
Le premier héros en pâte à modeler a vu le jour dans les années 50, il s’agissait de « Gumby ». Depuis, de nombreux autres personnages ont vu le jour comme ceux de Wallace & Gromit et L’Etrange Noël de M. Jack. La « claymation » est un processus long et méticuleux.
Et il aura fallu près de six ans à Garri Bardine pour arriver à faire exister son film.
Les personnages
Le vilain petit canard : n’est encore qu’un oeuf, quand le Coq de la basse-cour le récupère. Malheureusement une fois éclos il ne ressemble à aucun de ses congénères.
Rejeté par tous, il subit les moqueries des uns et des autres. Triste et solitaire, il ne demande pourtant qu’à se faire aimer.
Le Coq : « petit chef » de la basse-cour, pas très courageux pour autant ; il fait régner l’autre dans le royaume.
La Poule : si mère poule est très attentive à ses rejetons, ce n’est pas le cas avec notre petit canard, à qui elle refuse toute affection.
Le Ver de terre : il mène une vie dangereuse et se retrouve souvent dans des situations périlleuses. Il est vif et débrouillard. C’est aussi le seul personnage sensible au sort du vilain petit canard.
Le renard : pas si rusé que cela, il se pourlèche les babines quand il s’agit de s’attaquer à nos bêtes à plumes.
Le Dindon : chef suprême du Royaume de la basse-cour, il est très irrité par le comportement original du Vilain Petit Canard
Les cygnes : ils forment un groupe uni, beau et majestueux ; ils accueilleront le vilain Petit Canard le moment venu