À l’occasion de son trentième anniversaire, la Fondation Mustela a choisi d’éditer un ouvrage collectif sur son thème de réflexion annuel, « être parents aujourd’hui ». Coordonné par la psychiatre Gisèle Apter, membre du Comité scientifique et co-rédigé par neuf professionnels (psychiatres, psychanalystes et psychologues), ce livre présente en quelque soixante pages un tableau des formes de parentalité nées des récentes évolutions sociales et techniques.
Parmi les sujets abordés, la question de la maternité qui a beaucoup évolué à travers les siècles sous l’effet conjugué des avancées médicales, des modifications de la société, des modes de vie et des nouveaux cadres législatifs. Ces changements ont modifié notre représentation de la famille et les valeurs qui y étaient associées. La conception n’est même plus un préalable indispensable pour acquérir le statut de mère ! Voici quelques exemples de cas particuliers de parentalité dans lesquels les expressions singulières du désir et du projet d’enfant ouvrent de nouvelles pistes de réflexion.
Les grossesses tardives
Ne pouvant accéder à la parentalité, de plus en plus de couples ont recours aux méthodes de procréation médicalement assistée (fécondation in vitro et transfert d’embryon, injection intra-cytoplasmique de spermatozoïdes, transfert d’embryon ou de blastocyste, congélation des embryons, don de sperme ou d’ovules). Certaines sont légales et accessibles en France, d’autres sont proscrites par le droit français et il arrive que les femmes partent à l’étranger où elles peuvent y accéder en toute légalité. Ces méthodes sont proposées à des femmes souffrant d’infertilité, qu’elles aient ou non repoussé leur désir d’enfant à un moment où elles sont, disent-elles, « plus accomplies professionnellement, plus stables affectivement, plus disponibles ». Cela recouvre le domaine appelé « les grossesses tardives ».
Les gynécologues obstétriciens sont nombreux à mettre en garde les femmes contre le report de la grossesse dans le temps. Un des risques, en effet, est de ne pas pouvoir être enceinte. Si 95 % des femmes de 30 ans désirant un enfant seront mères, avec ou sans aide médicale, 35 % des femmes de 40 ans n’y arriveront jamais. Mais tous, médecins et psychologues, soulignent le malentendu qui s’est installé dans la mentalité des femmes : savoir quand on ne veut pas avoir un enfant est une chose relativement facile, mais penser qu’on peut facilement choisir le moment où on en fera un est un leurre. Le désir ne veut pas se laisser enfermer dans une volonté, aussi forte soit-elle.
Les familles recomposées
Parmi les nouvelles configurations familiales, les familles recomposées sont de plus en plus fréquentes. Nombreux sont les couples qui divorcent, ayant déjà des enfants, et tout aussi nombreux ceux qui cherchent à recréer une famille. En France, actuellement, un million et demi d’enfants vivent dans une famille recomposée.
Du statut de mère, on accède facilement à celui de belle-mère. Dans les cas de divorce et de famille recomposée, les belles mères vivent plus difficilement leur nouveau rôle que les beaux pères. Les beaux-enfants sous-estiment souvent l’engagement de leur belle-mère et surestiment celui de leur propre mère. Et s’il s’agit de filles qui vivaient jusqu’ici avec leur père, elles ont l’impression de s’être fait dérober la place et les privilèges obtenus dans la « mini-famille ». Ce sont elles, en général, qui ressentent le plus fortement le sentiment d’une perte lorsque leur père s’engage dans une nouvelle relation – davantage que leurs frères. Plus revendicatrices et plus agressives, elles entretiennent des relations plus conflictuelles avec leur belle-mère qu’avec leur beau-père, quel que soit leur lieu de résidence.
Pour les belles-mères, il est difficile de trouver une place dans ce nouveau système familial qui pourrait fonctionner sans elles. Elles se sentent l’objet d’importantes attentes à leur endroit. Ainsi, pour chacun des membres de la nouvelle famille, c’est la relation belle-mère/belle-fille qui semble la plus difficile à vivre. Dans certaines études, cette difficulté a été expliquée par le fait qu’elles s’impliquent davantage dans l’éducation de leur belle fille qu’elles ne le feraient dans celle d’un beau-fils. Une autre raison tient au fait qu’elles éprouvent des difficultés à s’identifier aux enfants du nouveau conjoint, particulièrement lorsque ce sont des filles – qui rappellent l’ex conjointe, la mère biologique.
Il existe une véritable rivalité entre belle-mère et belle-fille, rivalité d’une nature différente de celle entre mère et fille, laquelle semble davantage teintée d’amour et d’ambivalence.
Pour découvrir davantage de figures de la parentalité, l’ouvrage « être parents aujourd’hui » est disponible sur simple demande auprès de l’agence OXYGEN.
Série « La Fondation Mustela livre ses conseils aux parents »
Précédemment : « La parentalité en situation transculturelle » (disponible sur demande auprès de l’agence OXYGEN)
Prochainement : « L’adoption : la réfléchir en amont pour accroître ses chances de réussite »