Faut-il faire croire les enfants au Père Noël ?

Chaque année, la même question revient ! Comment demander à nos enfants de ne pas mentir alors que nous le faisons délibérément au nom de traditions, croyances, légendes, religion… ? Il arrive également dans des familles que les deux parents ne partagent pas le même avis sur le fait de laisser les enfants croire au Père Noël. Comment faire ?

Entre mensonge et magie, mon cœur balance !

Je ne sais pas vous, mais moi je suis de cette génération qui, enfants, a été bercée à Noël par deux chansons : le traditionnel Petit papa Noël de Tino Rossi qui était déjà la chanson qu’écoutaient mes grands-parents et Petit garçon de Graeme Allwright, une version plus récente qui faisait tintinnabuler les clochettes.

Une fois maman, j’ai plutôt milité pour que les enfants puissent croire à la magie de Noël et du Père Noël qui fabrique les jouets au pôle Nord avec l’aide de ses lutins et qui le soir de Noël se promène dans le ciel en traîneau volant tiré par des rennes et passe par la cheminée déposer des cadeaux au pied des sapins. Ce à quoi leur père objectait : « mensonge » !

Certes, soit, assurément, j’avoue qu’il y a bien là une distorsion avec les principes éducatifs que nous inculquons à nos enfants, que nous tenons de nos parents qui eux-mêmes l’avaient appris de… et dont le fondement repose probablement sur l’héritage du 9e commandement que l’on peut résumer à : « tu ne mentiras pas ».

Nous apprenons à nos enfants comme grand principe à dire la vérité et dans le même temps, nous, adultes, nous leur « mentons » en entretenant sciemment, quelques années durant, une fausse croyance au nom de la magie de Noël, de la légende de Saint-Nicolas, des cloches de Pâques et de la petite souris.

Que répondre à la question « est-ce que le Père Noël existe » ?

Les laisser croire à ces moments magiques le temps de l’enfance, c’est une chose plutôt compréhensible tant que les enfants ne posent pas de question. En revanche, dès qu’ils commencent à demander si ce qu’ils ont entendu de la part de camarades, ou au détour d’une conversation entre plus grands est vrai, il faut répondre de la façon la plus adaptée possible.

Voici quelques conseils de bon sens parmi d’autres :

  • Ne pas se servir du Père Noël : même si c’est parfois plus facile à dire qu’à faire, il faut éviter d’expliquer que le Père Noël n’apporte des cadeaux qu’aux enfants sages.
  • Laisser agir la magie : le Père Noël symbolise pour les enfants un gentil monsieur, souriant, qui apporte des cadeaux et qui a quelque chose de magique qui les attire.
  • Ne pas devancer la question : quand les enfants demandent si le père Noël existe vraiment, demandez-leur ce qu’ils en pensent par exemple. Si dans leur réponse et/ou dans leurs yeux, vous décelez l’envie d’y croire encore, laissez-les encore un peu rêver, il sera bien temps de lever le doute l’année suivante.
  • Ne pas mentir quand la question est posée : lorsque les enfants commencent à comprendre ou à savoir, il est préférable de leur expliquer les choses simplement. La plupart des enfants est capable d’accepter cette vérité si elle est bien expliquée. Il est préférable de ne pas entretenir la croyance juste pour se faire plaisir, mais de répondre tout en délicatesse pour ne pas annoncer la fin d’un mythe de manière abrupte. 
Le Père Noël est-il indispensable à la magie de Noël ?

A l’origine, Noël est une fête religieuse, sans bonhomme rouge à la barbe blanche, qui s’est développée en fonction des coutumes et croyances des pays. Il semblerait que ce soit Thomas Nast, l’illustrateur du journal new-yorkais Harper’s Illustrated Weekly, qui en 1860 ait revêtu Saint-Nicolas en rouge et blanc, Coca-Cola n’aurait donc rien inventé !

Maria Montessori, elle, pense que « faire croire » au Père Noel implique que l’adulte exploite la crédulité de l’enfant, voire s’en amuse : « dans les pays anglo-saxons, Noël est un vieillard caduc, couvert de neige qui porte dans un panier énorme les jouets aux enfants, en rentrant réellement, la nuit dans leur maison. Mais comment ce qui est le fruit de notre imagination pourrait-il développer l’imagination des enfants ? Nous seuls imaginons et non eux. Ils croient, ils n’imaginent pas […] Est-ce la crédulité que nous voulons développer chez nos enfants ? […] C’est nous qui nous divertissons de la fête de Noël et de la crédulité de l’enfant. » A la lecture d’un tel passage, la magie disparaît sans enchantement !

Françoise Dolto expliquait à son fils, le feu chanteur Carlos, que « le vrai Père Noël n’est que dans notre cœur. C’est comme les lutins ou les géants. Tu sais que les lutins, ça n’existe pas. Le Père Noël, il n’est pas né, il n’a pas eu de papa, une maman Il n’est pas vivant ; il est vivant seulement au moment de Noël, dans le cœur de tous ceux qui veulent faire une surprise pour fêter les petits enfants. Et toutes les grandes personnes regrettent de ne plus être des petits enfants, alors elles aiment bien dire aux enfants : c’est le Père Noël ! »

Quant à la psychologue clinicienne Isabelle Pailleau, elle est convaincue que les enfants ne seront pas traumatisés quand ils découvrent la vérité et illustre son propos par l’exemple de sa fille benjamine qui lui a raconté récemment « que lorsqu’elle avait 7 ans, son frère ainé lui avait fait découvrir le fameux placard rempli de jouets en disant « Tu vois, le Père Noël il n’existe pas, ce sont les parents qui font les cadeaux ». Ce à quoi elle lui avait répondu, sûre d’elle « Mais non, le Père Noël, il a trop de travail alors il vient déposer les cadeaux en avance ». Comme quoi, quand ce n’est pas l’heure, ce n’est pas l’heure ! »

Oui à la magie, non à la menace…

Plus que le mensonge, c’est la menace ou le chantage parfois fait aux enfants d’être privés de cadeaux sous prétexte que le Père Noël ne passe que chez les enfants sages qui me semble la plus dérangeante.

En matière de pédagogie voire de psychologie, certains voient à travers ce chantage, les ingrédients d’une violence éducative ordinaire. Les mots posés sont un peu forts.

Il arrive aussi que des enfants racontent qu’ils savent que le Père Noël n’existe pas mais qu’ils font encore semblant d’y croire pour faire plaisir à leurs parents !

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Prise d’un doute, j’ai demandé à ma fille cadette lorsqu’elle avait 15 ans, ce qu’elle avait ressenti en apprenant que le Père Noël n’existait pas. Elle m’a répondu instantanément en rigolant : « je ne m’en souviens pas maman. » Ouf, pas de traumatisme apparent pour cette jeune fille qui des années plus tard du haut de ses vingt et un ans continue à faire une liste de Noël, à réclamer les nôtres, celle de son frère et prend toujours autant de plaisir à faire ses courses de Noël bien que sachant pertinemment depuis l’âge de huit ans qu’il n’existe pas ! Parce qu’à la magie de Noël, elle aime y croire le temps des fêtes de fin d’année, qu’aller acheter des cadeaux pour les gens qu’elle aime, cela lui fait plaisir, et que rêver, elle en a besoin.

Et si la légende du Père Noël existait tout simplement pour ceux qui la font vivre le temps de l’Avent et de Noël ?

Anne Vaneson-Bigorgne

Article mis à jour le 16 décembre 2022
Publié le 16 décembre 2022 par Anne Vaneson-Bigorgne

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