Réponse des candidats aux 14,5 millions d’enfants et d’adolescents qui n’ont pas le droit de vote
Invités par l’UNICEF France à préciser leurs ambitions pour les enfants et les adolescents, 6 des 10 candidats à l’élection présidentielle ont pris position par rapport au Manifeste pour l’Enfance.
Mais leurs réponses ne sont pas pleinement satisfaisantes.
Malgré parfois des pistes intéressantes, les candidats ne dessinent pas les contours d’une politique nationale cohérente à la hauteur de la situation.
Alors que le Conseil constitutionnel vient de valider les candidatures de 10 prétendants à la magistrature suprême, 6 d’entre eux ont formulé les lignes directrices et principes d’action de la politique qu’ils entendent mener en faveur des enfants et des adolescents. « Avoir obtenu une réponse d’une majorité des candidats est un signe d’intérêt positif pour la question de l’enfance et de l’adolescence », affirme Jacques Hintzy, président de l’UNICEF France. « Pour autant, nous sommes encore très loin du plan d’action national que nous appelons de nos vœux. »
Dans leurs réponses, François Bayrou, Nicolas Dupont-Aignan, François Hollande, Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Sarkozy expriment leur soutien à la démarche de l’UNICEF France, et mettent en avant leurs réalisations ou leurs projets sur les diverses thématiques abordées dans le Manifeste pour l’Enfance. Pour autant, leurs programmes respectifs ne reprennent pas l’ensemble des propositions de l’UNICEF France en matière de politique de l’enfance et de l’adolescence.
Ainsi, sur la proposition phare de créer un ministère dédié, seul François Bayrou s’y engage formellement, tandis que Jean-Luc Mélenchon et Eva Joly s’y déclarent favorables en principe. « A la lecture de ces lettres et des programmes, nous constatons que les candidats continuent majoritairement de traiter des différents domaines touchant à l’enfance – accueil de la petite enfance, école, justice des mineurs, protection des mineurs isolés étrangers, situation des enfants dans les Départements d’Outre-mer, etc. – de manière segmentée, sans vision transversale et cohérente des problématiques qui s’y rapportent », déplore Jacques Hintzy.
Par ailleurs, alors que 2 millions de moins de 18 ans vivent en des sous du seuil de pauvreté, l’UNICEF France regrette qu’aucun candidat ne s’exprime par rapport à la demande de création d’un droit à la compensation de la pauvreté chez les enfants. « Au-delà des politiques thématiques, s’attaquer à ce fléau de la pauvreté des enfants doit être une priorité absolue du prochain Président de la République pour rétablir une meilleure équité entre les enfants vivant sur notre territoire », insiste Fabienne Quiriau, présidente de la commission Enfance en France de l’UNICEF France.
L’UNICEF France constate avec inquiétude que plusieurs programmes remettent en cause la spécificité de la justice des mineurs, ou se focalisent sur le volet répressif et les structures d’enfermement des mineurs, au détriment des politiques préventives. Sur la question des mineurs étrangers, et notamment des mineurs isolés étrangers, l’UNICEF France appelle aussi tous les candidats à respecter dans leur programme les principes de la Convention internationale des droits de l’enfant.
Déjà près de 20 000 citoyens et une dizaine d’associations majeures dans le domaine de l’enfance ont exprimé leur soutien aux engagements et propositions de l’UNICEF en signant le Manifeste. En cette période de campagne, les candidats à l’élection présidentielle concentrent leur attention sur des sujets médiatiquement plus porteurs, à même de mobiliser les voix de telle ou telle catégorie d’électeurs. Certes, les moins de 18 ans n’ont pas encore le droit de vote. Mais l’enquête TNS Sofres / UNICEF France dévoilée le 7 mars révèle que 48% des Français prendront en compte la place faite aux enjeux de l’enfance et de l’adolescence au moment de voter. Voilà qui, espérons-le, incitera les candidats à remettre ces questions au cœur de leur projet.