Depuis le 16 mars, la France est en télétravail le temps du confinement, ce concept que de nombreux parents demandaient à leurs employeurs avant l’arrivée du coronavirus mais n’obtenaient pas forcément y compris parfois pour la seule journée du mercredi afin de concilier travail et enfants à la maison !
Les parents sont en télétravail pendant que les enfants sont en télé-enseignement, tous confinés dans un seul et même lieu : le domicile familial. Gaëlle Caron-Boué, directrice de l’école élémentaire Victor Hugo à Saint-Ouen (93) a accepté de répondre aux questions de Nos Bambins.com afin de donner quelques pistes pour gérer au mieux travail des parents et enseignement à distance des enfants.
Nos Bambins (NBB) : Dans une situation unique et particulière, comment les parents peuvent-ils prendre soin d’eux, gérer leur propre travail, leur stress, les apprentissages scolaires de leur-s enfant-s et ne pas mettre trop de pression sur la dimension éducative habituelle attendue, pour garder le moral et préserver également celui des plus jeunes ?
Gaëlle Caron-Boué (GCB) : « Les parents ne sont pas les enseignants de leurs enfants, même quand ils sont eux-mêmes enseignants ! Il faut déculpabiliser et ne pas hésiter à contacter l’enseignant pour avoir des pistes. Chacun doit trouver sa place dans la maison et dans l’organisation liée au confinement. En classe, les élèves doivent aussi faire preuve d’autonomie lorsque le Maître s’occupe d’un autre élève. Laisser les plus grands chercher leurs propres réponses ou les petits lire seuls est une des clés. Un temps pour soi (professionnel ou personnel) et un temps pour et avec eux (travail ou jeux) sont nécessaires. »
NBB : Doit-on conserver les mêmes horaires qu’à l’école ou peut-on être plus souple ?
GCB : « Il est impossible de conserver les mêmes horaires. L’idéal est que le temps scolaire dure entre 2 à 3 heures par jour en variant les plaisirs (domaines et formes d’apprentissage). On peut faire des mathématiques en mettant la table, en préparant un gâteau (calcul de proportions pour les CM1 ou 2 par exemple), en jouant au jeu de l’oie (j’ai fait 6, je suis sur la case 3, je vais arriver sur la 9), etc. Il faut maintenir du travail un peu chaque jour à des horaires fixes pour que les enfants gardent à l’esprit que ce ne sont pas les vacances ! »
NBB : Doit-on les lever à la même heure que d’habitude sachant que l’heure de lever est souvent tôt le matin en période classique d’école ?
GCB : « Il me paraît important de maintenir un rythme « comme s’il y avait école « . Certaines familles que j’ai contactées sont très flexibles sur les horaires et m’expliquent qu’à 11 heures les enfants sont encore au lit et/ou en pyjama. Ce n’est pas leur rendre service pour le retour en classe à la fin du confinement. Attention, je ne suis pas en train de dire que ceux qui vont habituellement au centre dès 7h30 doivent conserver ce rythme : ils peuvent respecter les horaires scolaires et gagner des minutes de sommeil pour être opérationnels entre 8h30 et 9h. Le rythme est important pour les petits et les grands qui en ont besoin pour se structurer dans la journée. Il en est de même pour les repas : il est bon de conserver une heure assez fixe. »
NBB : Est-ce une bonne solution que de mettre en place un emploi du temps détaillé pour aider les enfants à se repérer, s’organiser voire être plus autonomes pour les plus grands d’entre eux ?
GCB : « Oui, mille fois oui, surtout s’il faut partager un même ordinateur au sein de la fratrie voire de la famille. Un temps pour chacun responsabilise et structure les petits et les plus grands. À l’école leur journée est rythmée entre de la lecture, du calcul (mathématiques), de l’écriture (français), du sport, la découverte du monde (histoire-géographie, sciences) … mais aussi des récréations et le déjeuner voire le goûter quand les enfants restent à l’étude ou aux activités péri-scolaires. Il faut alterner pour les garder concentrés et motivés. Il n’est pas nécessaire de chronométrer les différentes plages horaires mais il est préférable de définir les temps d’apprentissages, de pause, de jeux… Et pourquoi ne pas profiter à l’heure de la pause commune de l’après-midi par exemple pour se retrouver autour d’un jeu rapide pour se changer les idées avant d’enchaîner sur l’activité suivante. »
NBB : pour les personnes intéressées, en cliquant sur ce lien vous aurez accès à l’exemple d’organisation journalière conçu à 4 mains par Nos Bambins et Gaëlle Caron-Boué.
NBB : Comment gérer les écrans en période de confinement ? Doit-on s’en tenir aux règles instaurées habituellement ?
GCB : « Les écrans sont les supports du moment pour recevoir et renvoyer le travail, tant pour les petits que pour les plus grands de nos élèves. Il faut donc limiter les écrans dans leur version habituelle. Lire, faire un puzzle, rêver, observer et dessiner le ciel ou les phases de la lune à la nuit tombée, ou encore la nature (c’est le printemps, ça chante, ça pousse…) pour les enfants qui sont à proximité d’une zone moins urbaine, tenir un journal de bord (1 mot, 1 phrase, quelques lignes, ou plus selon le niveau et l’âge), les faire participer aux tâches de la maison. Il faut les rendre actifs pour qu’ils évitent la passivité devant les écrans. Ils peuvent le faire seuls ou entre frères et sœurs. Les règles habituelles de façon générale doivent être maintenues : être confinés ce n’est pas faire n’importe quoi et tout accepter, sinon attention au retour à la vraie vie dans quelques semaines. »
En résumé : on structure, on organise, on maintient des règles, on ne change pas les principes éducatifs, on introduit en revanche beaucoup de souplesse, de patience, de solidarité, d’entraide et de bienveillance pour vivre au mieux cette période nouvelle pour les parents et les enfants qu’est le confinement.
Anne Vaneson-Bigorgne