Infertilité du couple : et si la parole pouvait être féconde ?

A l’instar de Martin Luther King, moi aussi  « j’ai un rêve », un rêve qui voudrait, dans une vie idéale, que les choses se fassent dans « l’ordre ». Dans l’ordre, mais dans quel ordre ?

Prenons l’exemple de l’infertilité du couple, j’ai bien écrit infertilité, pas stérilité, la stérilité induisant une notion définitive avec un éventuel recours à la procréation médicalement assistée (PMA), là où l’infertilité laisse une possibilité naturelle de conception.

Aujourd’hui, les couples ont leur premier enfant en moyenne à 28 ans vs 24 ans en 1960. Lorsque l’on sait que les chances de grossesse par cycle sont de 25 % à 25 ans, 12 % à 35 ans et 6 % à 40 ans (source : Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français),  l’âge moyen de la première grossesse aujourd’hui est déjà un premier indicateur des « difficultés » qui peuvent exister dans la fertilité du couple. Sans parler des facteurs externes qui peuvent avoir une influence sur la fertilité tels que le tabac, l’alcool, la drogue, le poids (surpoids, maigreur), l’exposition à des produits toxiques, l’environnement, etc.

L’OMS parle d’infertilité dès lors qu’une grossesse n’est pas survenue à partir de deux ans de rapports sexuels réguliers non protégés. Il y a deux types d’infertilité :

– L’infertilité primaire chez une femme qui n’a jamais eu de grossesse ;

– L’infertilité secondaire chez une femme qui a déjà eu une ou plusieurs grossesses, même interrompues.

De façon générale, lorsqu’un enfant est désiré et qu’il tarde à venir, il est conseillé de consulter un spécialiste :

– après un an de rapports sexuels réguliers si la grossesse n’arrive pas ;

– après 6 mois en cas d’antécédents gynécologiques (infections, fibromes…) ou de troubles de l’ovulation (règles irrégulières) ;

– après 6 mois chez les femmes de plus de 35 ans.

Je reprends le fil de la vie idéale ! Face à une absence d’impossibilité physiologique avérée d’un couple à avoir un enfant (après les examens classiques et courants qui s’imposent bien évidemment), j’imagine que plutôt que de l’orienter directement dans un parcours de PMA, le couple puisse consulter un(e) thérapeute spécialisé en infertilité.

Juste pour se dire qu’il a tout tenté avant de commencer un traitement hormonal.

Parce qu’un traitement hormonal n’est ni anodin ni indolore : par manque de recul, on ne connait pas encore vraiment les conséquences à long terme de la répétition de ces traitements sur la santé des femmes.

Parce que je fais partie de ces personnes qui pensent que la parole libère.

Parce que je fais partie de ces personnes qui auraient souhaité savoir, il y a quinze ans, qu’une telle solution existait avant de me laisser orienter dans un parcours de PMA …

A l’occasion de la journée de l’infertilité organisée le 23 mai 2014 à l’Institut Pasteur par le journal Famili et l’association Maia, j’ai souhaité interviewer Stéphanie Duchesne*, Psychanalyste Intégrative® spécialisée en infertilité du couple, pour savoir en quoi sa pratique peut être une aide en pareille situation.

L’objectif de ce travail est « de permettre, avec l’aide du thérapeute, de travailler sur les espaces psychiques enfouis où le désir d’enfant peut être freiné voire empêché » explique Stéphanie Duchesne.

Mais pourquoi parler d’empêchement alors qu’il y a désir d’enfant ? Plusieurs facteurs peuvent entrer en ligne de compte. Et d’attirer mon attention sur le fait que trop souvent, on oublie, voire on ignore qu’il peut y avoir un « traumatisme à devenir mère. Certains psychismes ont dû se rigidifier pour supporter les souffrances rencontrées dans l’enfance et peuvent avoir perdu la souplesse nécessaire pour amortir le choc de cet événement pourtant tant attendu». Il peut aussi s’agir d’une difficulté à entrer dans ce que Winnicott appelle, dans un écrit publié en 1956, la Préoccupation maternelle primaire, sans risquer de s’y perdre.

En effet, cet état peut engendrer une forme de repli, de dissociation, au cours duquel l’équilibre psychique de la jeune mère  pourrait se rompre. En dehors de cet état de grossesse, ces fantasmes régressifs ou ces souvenirs de douleur(s) ancienne(s) seraient maintenus secrets alors que la maternité risquerait de les rendre accessibles.

L’enjeu est bien de trouver, à ce moment de la vie, une oreille susceptible de les entendre.

Outre cette écoute, un travail intégratif, qui  prend en compte le corps, les émotions et les mots, permet d’alléger les tensions et ainsi mettre toutes les chances de son côté pour rendre possible l’arrivée de l’enfant tant désiré. Intégrer le corps dans le travail psychanalytique est essentiel pour Stéphanie Duchesne qui trouve en « cette association une réelle complémentarité ».

Et comme je ne peux pas m’empêcher de revenir à mon idée de départ de « vie idéale », je peux dire que les patientes qui l’ont consultée dans le cadre d’une infertilité ont toutes gagné en conscience de ce que devenir mère représentait pour elles et ont parfois eu le bonheur d’être enceinte (quelques fois même hors d’un parcours de PMA…). Un peu comme si la parole s’était révélée féconde, en somme !

Pour autant, comme la réalité et la vie rêvée ne se superposent pas forcément, certain(e)s patient(e)s qui font appel à elle, sont déjà engagé(e)s de longue date dans un processus de PMA et ont à faire face à des échecs répétés et à une grande souffrance. Ils viennent alors chercher un soutien pour supporter ces souffrances, un lieu pour exprimer toutes les émotions contenues pendant le parcours et aussi travailler à accepter la situation parfois définitive à laquelle ils sont confrontés.

Pour en terminer avec mon idée d’ordre, avant de se lancer dans un parcours de procréation médicalement assistée, consulter un thérapeute tel que Stéphanie Duchesne peut se révéler être une démarche préalable « fertile ».

Anne Vaneson

avec le concours de Stéphanie Duchesne

 

Informations :

  • Stéphanie Duchesne est Psychanalyste Intégrative® membre praticien agréé de la Société Française de Psychanalyse Intégrative®.
  • Consultation (individuel ou en groupe) en cabinet
  • Tour d’Aygosi – 67, cours Gambetta à Aix-en-Provence
  • Tél. : 06 20 13 18 87
  •  Email : stephanie_duchesne@yahoo.com
Publié le 3 juin 2014 par Anne Vaneson-Bigorgne

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