FAUT-IL FAIRE CROIRE AU PERE NOEL OU PAS ?

L’idée plus générale induite pourrait-être : pouvons-nous demander à nos enfants de ne pas « mentir » lorsqu’au nom de croyances, légendes et religion, nous le faisons « délibérément » ? !

J’imagine que je n’appartiens pas à la seule famille où le père et la mère ne partagent pas le même avis sur le fait de laisser les enfants croire au Père Noël ?

Quand les enfants étaient petits, j’ai plutôt milité pour que nous, leurs parents, les laissions croire à la magie de Noël et du Père Noël qui fabrique les jouets au Pôle Nord avec ses lutins et qui le soir de Noël se promène dans le ciel en traineau volant tiré par des rennes et passe par la cheminée déposer des cadeaux au pied des sapins des enfants sages… Ce à quoi mon mari objectait : « mensonge » !

Certes, soit, assurément, il y a bien là une distorsion avec les principes éducatifs que nous inculquons à nos enfants, que nous tenons nous même de nos parents qui l’ont appris de… -vous avez probablement compris l’idée !- et dont l’héritage pourrait venir du 9e commandement qui se résume à « tu ne mentiras pas ».

Nous ne voulons pas que nos enfants mentent et nous, adultes, nous entretenons sciemment, quelques années seulement -jamais plus de 6 à 7 en règle générale- une fausse croyance au nom de la magie de Noël, de la légende de saint Nicolas et de celle de la petite souris.

Laissez-moi émettre une hypothèse : celle où des parents expliqueraient à leurs enfants dès le plus jeune âge que le Père Noël et ses amis le saint Nicolas et la petite souris n’existent pas. Le moment venu,  ils partageront cela avec leurs copines et copains dans la cour de l’école, dans les couloirs, lors d’un goûter… leur démontrant par a+b qu’ils n’existent pas et que ce sont les parents qui déposent les cadeaux et les friandises et qui prennent les dents sous l’oreiller pour y glisser une pièce, et que ce sont des bébés d’y croire encore… Je ne suis pas en train de vous convaincre de ne pas le faire, je vous décris juste une scène plausible : c’est parfois compliqué pour un enfant d’avoir des croyances et/ou des savoirs différents de la majorité de ses ami(e)s.

A l’origine, aux premiers siècles de notre ère, la fête de Noël n’existait pas. Les premières fêtes de la célébration de la naissance de Jésus sont apparues au IVe siècle et avait pour but de christianiser les les rites de la culture populaire autour du solstice d’hiver qui se célébraient entre le 17 et le 24 décembre. En 330 que l’empereur Constantin fit remplacer le dieu solaire par la naissance du Christ et c’est en 381 que l’empereur Théodose qui fit adopter lors du concile de Constantinople la date du 25 décembre comme un dogme, même si pour les Chrétiens d’Orient la date de la Nativité reste le 6 janvier, le jour de l’Epiphanie en Occident.

Mais revenons au Père Noël : est-il vraiment indispensable à la magie de Noël ? Que faut-il en penser, indépendamment de toute conviction religieuse ?

Noël est une fête religieuse, sans bonhomme rouge à la barbe blanche, qui s’est développée en fonction des coutumes et croyances des pays. Il semblerait que ce soit Thomas Nast, l’illustrateur du journal new-yorkais Harper’s Illustrated Weekly, qui en 1860, ait le premier revêtu Saint-Nicolas en rouge et blanc, Coca-Cola n’aurait rien inventé !

PERE NOEL ROUGE

Maria Montessori, quant à elle, pense que « faire croire » au Père Noel implique que l’adulte use de la crédulité de l’enfant, voire s’en amuse : « dans les pays anglo-saxons, Noël est un vieillard caduc, couvert de neige qui porte dans un panier énorme les jouets aux enfants, en rentrant réellement, la nuit dans leur maison. Mais comment ce qui est le fruit de notre imagination pourrait-il développer l’imagination des enfants ? Nous seuls imaginons et non eux. Ils croient, ils n’imaginent pas […] Est-ce la crédulité que nous voulons développer chez nos enfants ? […] C’est nous qui nous divertissons de la fête de Noël et de la crédulité de l’enfant. »

A la lecture de ce passage, la magie disparaît sans enchantement !

PERE NOEL BRUN

Plus que le « mensonge », c’est la « menace » ou le « chantage » parfois fait aux enfants d’être privés de cadeaux sous prétexte que le Père Noël ne passe que chez les enfants sages qui me gêne le plus.

En matière de pédagogie voire de psychologie, certains voient à travers ce « chantage » les ingrédients d’une violence éducative ordinaire. Les mots posés sont peut-être un peu forts ?

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Prise d’un doute, j’ai demandé à ma fille cadette (une adolescente de 14 ans avec des velléités d’indépendance mais qui vient volontiers avec moi en voyage de presse à la découverte de la magie de Noël et qui s’émerveille de toutes les décorations naturelles qu’elle a pu voir à l’Ecomusée d’Alsace sur le sujet) ce matin ce qu’elle avait éprouvé quand elle a appris que le Père Noël n’existait pas. Sa réponse a été instantanée « je ne m’en souviens pas » m’a-t-elle dit en rigolant. Ouf, pas de traumatisme apparent !

Pour autant, du haut de ses 14 ans, elle continue à faire des listes de Noël, tout en sachant qu’il n’existe pas… parce qu’à la magie de Noël, elle y croit toujours et que de rêver elle en a besoin, comme beaucoup d’entre nous.

Joyeux Noël !

 

Crédit photo : chromolithographies des années 1930

Publié le 7 décembre 2015 par Anne Vaneson-Bigorgne

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