Conférence de presse « Poids du cartable »

Xavier Darcos a présenté à la presse les mesures pratiques qu’il a décidé de mettre en œuvre pour réduire le poids des cartables des écoliers et des collégiens. Imaginant en particulier le manuel scolaire du futur, le ministre de l’éducation nationale recommande « d’expérimenter les solutions numériques qui s’offrent à nous ».

Les pesées réalisées la semaine dernière par la F.C.P.E. indiquent un poids moyen de 8 kg , soit environ 20 % du poids de l’enfant. C’est un chiffre moyen, car l’écart type est important et le poids peut fortement varier d’un élève à l’autre, mais c’est un chiffre qui reste trop élevé.
Ce problème touche en priorité les jeunes collégiens, qui ont plus de matières enseignées, donc plus de manuels, et doivent changer de salles de classes entre deux cours.
Qu’est-ce qui pèse lourd dans le poids des cartables ? D’abord, les manuels (3 à 4,5 kg), puis le cartable lui-même (2 à 3 kg) et les fournitures scolaires (2 kg environ) auxquelles viennent s’ajouter, certains jours, les affaires de sport (de 1,5 à 2,5 kg).

Prenons donc un cartable d’écolier ou de collégien comme il en existe des milliers. Ce cartable a des roulettes, mais il est trop lourd puisqu’il pèse près de 2 kg, un poids que les élèves devront supporter chaque fois qu’ils empruntent un escalier ou qu’ils montent un trottoir.
Dès la rentrée prochaine, dans le cadre du travail que je mène avec les familles et les acteurs de la distribution pour diminuer le coût de la rentrée scolaire, je veillerai à ce que figure, dans la liste des produits à prix coûtant, un cartable solide et léger dont le poids soit inférieur à 1 kg.
Par ailleurs, comme me l’a proposé l’U.N.A.F., je vais lancer un concours dans les écoles professionnelles pour la conception d’un cartable léger, solide, et offrant de solides qualités ergonomiques. J’ai décidé de doter ce concours de 25 000 euros et si un véritable projet industriel se dessine, je le soutiendrai auprès de mon collègue en charge des entreprises pour qu’il dispose d’un soutier financier d’O.S.E.O.-innovation.

Attardons nous, ensuite, sur le sujet des fournitures scolaires, qui représentent près du tiers du poids du cartable.
Faire son cartable, cela s’apprend surtout pour un élève qui vient juste de quitter l’école primaire. Certains savent faire leur cartable, d’autres non. C’est pour cela d’ailleurs que l’on constate des écarts de poids importants d’un collégien à l’autre.
Je souhaite donc, comme cela se fait parfois, qu’en début d’année de 6e, le professeur principal de la classe passe un peu de temps à apprendre aux élèves à faire leur cartable, à distinguer l’essentiel de l’accessoire et à organiser sa journée. Cela fait partie de l’apprentissage des méthodes de travail.
Par exemple, je constate que dans bien des cas, on demande aux élèves des cahiers de 192 pages dont bien des pages restent vierges à la fin de l’année. J’ai recommandé d’utiliser le cahier de 96 pages dans la liste des 30 produits essentiels et de privilégier son usage. C’est à la fois plus léger et plus économique.
Un même classeur peut également être partagé entre plusieurs matières et l’utilisation du classeur souple privilégiée à celle du classeur rigide.
Passons ensuite aux manuels scolaires qui représentent près de la moitié du poids du cartable : un manuel pèse aujourd’hui entre 300 g et 1,1 kg , avec une moyenne aux alentours de 700 g.
Les manuels sont un outil pédagogique incontournable. Mais ils ne doivent pas pour autant devenir le fardeau de l’écolier ou du collégien. Ils doivent être aussi créatifs pour leur volume qu’ils le sont pour leur contenu.
Des solutions existent pourtant pour promouvoir une conception ou une utilisation différente des manuels scolaires par les enseignants et les élèves.
Au collège, l’éducation nationale est le premier prescripteur de l’achat de manuels. C’est pourquoi elle a toute légitimité à faire du poids un critère de sélection des manuels à part entière et je souhaite mettre les éditeurs en compétition sur ce point. Leur capacité d’innovation est importante et je sais qu’ils sauront répondre à cette attente.
Les nouveaux manuels devront faire mention de leur poids et du grammage du papier au dos du fascicule. Cela donnera aux enseignants et aux familles toute l’information nécessaire au choix du manuel le plus respectueux de la santé des enfants.
Concrètement, ces solutions peuvent prendre la forme de nouveaux formats, qu’il s’agisse de la division des ouvrages en deux tomes ou même en fascicules, afin que les élèves ne transportent que la partie qu’ils étudieront avec leur enseignant : c’est 2 à 3 kg en moins sur le dos des élèves.
Cela peut aussi passer par l’utilisation de nouveaux supports qui évite d’amener son manuel papier à l’école tels que la visio-projection des cours ou l’utilisation de tableaux blancs numériques.
Je sais que certains éditeurs sont prêts à tenter cette expérience, en enrichissant d’ailleurs le contenu pédagogique qu’ils proposent et en le rendant plus interactif. Je les encouragerai à le faire
Je veux également aider les enseignants à développer leurs propres outils pédagogiques. L’éducation nationale emploie plus de 900 000 auteurs potentiels de manuels scolaires. Formés à haut niveau, les enseignants choisissent déjà librement leurs manuels.
Pour la rentrée prochaine, je souhaite leur proposer une plate-forme en ligne leur permettant de mener un travail collaboratif de production et d’échanges de ressources pédagogiques. Je veux avancer dans cette voie au cours de l’année scolaire pour proposer un outil à la rentrée prochaine.
D’autres ressources, naturellement, peuvent être mises à l’étude, comme la reproduction des manuels sur un format C.D.-ROM ou la mise à disposition de contenu sur des disques amovibles ou des baladeurs numériques.
Enfin, nous devons imaginer ensemble ce que sera le manuel du futur et expérimenter les solutions numériques qui s’offrent à nous. Je crois au numérique qui permet d’avoir des supports de qualité, légers, avec une possibilité de mise à jour plus rapide et plus efficace que nos manuels sur papier dont l’impression est, en outre, peu écologique. C’est d’ailleurs une des solutions possibles pour permettre aux élèves handicapés d’être mieux intégrés au sein de l’école.
C’est la raison pour laquelle je souhaite expérimenter, auprès d’une cinquantaine de classes, l’utilisation du manuel numérique. Sur un seul support de 300 grammes environ, chaque élève pourra disposer de l’ensemble des manuels d’une seule classe d’âge. Si cette expérimentation s’avère concluante, et si nous généralisons ensuite le manuel numérique, ce nouveau support fera de la France un pays pionnier.
Naturellement, l’établissement doit-il aussi prendre toute sa part dans la réduction du poids du cartable :
– Chaque fois que possible, les principaux de collège doivent pouvoir organiser tous les cours d’une même classe dans une même salle de référence, afin de limiter les déplacements des collégiens durant la journée.
– Je souhaite que les départements généralisent aussi, lorsque c’est possible, l’usage des casiers fermés.
– Par ailleurs, je rappelle que la mise en place des études surveillées et sa généralisation à l’ensemble des collèges dès la rentrée prochaine permettra que les élèves rentrent chez eux en ayant fait leurs devoirs donc sans avoir à ramener leurs manuels lorsqu’ils disposent d’une solution pour les laisser dans leur établissement scolaire.
Le poids du cartable est une question de santé publique pour nos enfants, je souhaite que les établissements scolaires s’emparent de cette question, par exemple dans le cadre de leur conseil d’administration, notamment au moment de choisir les manuels scolaires pour la rentrée.

Discours de Xavier Darcos
© www.education.gouv.fr – M.E.N

Publié le 30 octobre 2007 par Anne Vaneson-Bigorgne

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