Incontournable des listes de naissance et premier confident de l’enfant, le doudou occupe une place centrale dans les familles. Mais au-delà de sa douceur, quel est son véritable rôle dans le développement émotionnel ? Entre transition affective et repère rassurant, plongeons dans l’univers fascinant de cet objet pas comme les autres !
Un inventaire à la Prévert : le monde merveilleux des doudous
Il y a de doux visages de vinyle qui sentent bon la vanille et qui rassurent immédiatement, comme lorsqu’on choisit un doudou Corolle pour sa délicatesse et son réalisme. Il y a les boîtes bleues, roses ou blanches, véritables écrins pour les doudous de chez Doudou et Cie ; les lapins aux oreilles infinies de chez Kaloo ; les personnages poétiques et délicieusement rétro de Moulin Roty ; les velours ultra-doux de Noukies ou encore l’héritage indémodable de Vulli et de sa célèbre Sophie la Girafe qui n’existe pas qu’en caoutchouc !
Et puis, il y a la fantaisie aux couleurs toniques des Lilliputiens ; le look décalé et rigolo des Déglingos ; l’humour britannique parfois déjanté de Jellycat. Il y des marques françaises au savoir-faire reconnu comme les créations délicates des Petites Maries ; l’excellence du fait-main chez Maïlou Tradition ; le raffinement du premier doudou de La Pelucherie ; le luxe épuré de Pamplemousse Peluches ; la créativité de Gipsy Toys ; le design graphique et iconique de Nin-Nin cette marque créée par un papa, etc. Chaque marque propose un univers singulier, mais c’est l’enfant qui, in fine, élira celui qui deviendra son « doudou ». Pour accompagner ces premiers moments de vie et surtout le sommeil de bébé, il est possible d’ajouter une veilleuse ou une boite à musique afin de créer une ambiance apaisante et de rester éventuellement dans l’univers du doudou.
Le doudou, un pont entre deux mondes
Pour comprendre l’importance du doudou, il faut se pencher sur les travaux du pédiatre et psychanalyste Donald Winnicott dans les années 1950, qui a théorisé le concept d’objet transitionnel. Le doudou n’est ni tout à fait le parent, ni tout à fait l’enfant ; il est cet « entre-deux » qui permet de supporter l’absence.
Comme le soulignait Françoise Dolto, pour elle, le doudou est un support symbolique qui aide l’enfant à se détacher progressivement de la fusion maternelle pour s’ouvrir au monde extérieur.
Pour le pédopsychiatre Aldo Naouri, le doudou n’est pas une obligation, mais un précieux outil de transition qui apparaît généralement vers l’âge de 8 mois, au moment de la fameuse « angoisse de séparation ». À cet âge, l’enfant réalise qu’il est une personne distincte de ses parents. Le doudou, imprégné des odeurs de la maison et de la mère, devient alors un régulateur d’émotions lors des moments de stress : entrée à la crèche, premières nuits seul, terreurs nocturnes ou gros chagrins. C’est le compagnon qui reste imperturbable, offrant ainsi un sentiment de continuité essentiel à la construction psychique de l’enfant.
Comment choisir le doudou de bébé et qui est le décisionnaire ?
Le choix du doudou est un rituel souvent partagé par l’entourage familial. Si les parents l’achètent souvent avant la naissance, il est fréquent qu’un grand frère, une sœur ou les grands-parents souhaitent également offrir ce premier compagnon. Bébé peut donc se retrouver à choisir parmi plusieurs (il en reçoit 7 à sa naissance en moyenne d’après des études Circana sur le secteur), mais n’en choisira qu’un seul. Cela explique pourquoi les volumes de ventes globaux restent très élevés malgré la baisse de la natalité. ! De cadeau de naissance, il peut se retrouver être un objet hautement symbolique dans la « désignation » : quel doudou… offert par qui ? En réalité, malgré tout le soin que l’adulte prend pour choisir un doudou, c’est bébé qui a le dernier mot !
Il n’est pas rare qu’un enfant délaisse la peluche haut de gamme pour un simple lange en coton ou un doudou plus modeste. Pour bien le choisir, misez sur la sécurité (normes CE) et la praticité avec des marques de peluches made in France reconnues pour leur qualité. Un bon doudou doit être facile à attraper par de petites mains : pattes fines, oreilles longues ou étiquettes soyeuses (à ne surtout pas couper, car bébé adore les manipuler). Enfin, il doit impérativement être lavable en machine. Un conseil d’expert : une fois que bébé a choisi son compagnon, achetez-le en double, voire en triple, pour éviter le drame absolu en cas de perte ou lors du passage en machine !
Qu’il ait la forme d’un lapin, d’un ours, d’une licorne ou d’un simple morceau de tissu usé, le doudou est le premier témoin de l’autonomie. C’est un pont essentiel entre le monde intérieur de l’enfant et la réalité. Pour être efficace, cet objet doit rester immuable afin d’offrir un repère sensoriel constant, « trouvé » par l’enfant mais « créé » par son imaginaire. Son besoin s’effacera naturellement vers 5 ou 6 ans, lorsque l’enfant se sentira assez fort pour affronter le monde sans son aide, laissant son précieux complice sur le lit pour ne le retrouver que le soir, jusqu’à ce qu’il rejoigne la boîte aux souvenirs d’enfance.
Anne Vaneson-Bigorgne
