Tribune de George Pau-Langevin, « L’école inclusive, miroir d’une société tournée vers le changement »

Certains sujets sont plus parlants, plus symboliques que d’autres pour expliquer et pour convaincre que le gouvernement, dans son ensemble, s’attèle à changer, chaque jour, sa société en profondeur. Il me semble aujourd’hui que les progrès réalisé par l’Education nationale pour accueillir les élèves handicapés est un des éléments marquants de cette transformation en profondeur de la société dans laquelle nous souhaitons voir grandir nos enfants demain.

Et pour cause, les chiffres sont frappants: en 2012-2013, 225.563 enfants en situation de handicap sont scolarisés dans les écoles et établissements relevant du ministère de l’Education nationale. Ces chiffres correspondent à une augmentation de 91,4% par rapport à 2006-2007, et à une progression annuelle moyenne de plus de 15%.

La loi pour la refondation de l’école de la République est définitivement votée et le principe d’une Ecole inclusive a été reconnu. C’est une avancée majeure puisqu’il revient à l’école de créer les conditions d’inclusion des élèves en situation de handicap et non l’inverse. La réussite de ces élèves exige non seulement des dispositifs de scolarisation et des environnements scolaires de qualité, mais également des pratiques pédagogiques adaptées.

Ainsi, la formation initiale des enseignants s’attachera désormais aux problématiques et aux pédagogies spécifiques adaptées aux élèves à besoins éducatifs particuliers; le handicap sera présent dans le tronc commun des écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE). Tous les enseignants, de la maternelle à l’université, recevront une formation à la scolarisation des élèves en situation de handicap.

La qualité renouvelée de l’enseignement s’inscrit dans des dispositifs opérationnels et identifiés. Ainsi par exemple, l’offre de scolarisation à destination des jeunes sourds prendre en compte des projets des élèves sourds et de leurs familles; les élèves sourds pourront avoir accès à un parcours scolaire en communication bilingue (enseignement en langue des signes et langue française) ou communication en langue française (enseignement en français oral avec langage parlé complété et français écrit).

Certains élèves en situation de handicap ont besoin, au-delà des dispositifs et d’un enseignement de qualité, d’être accompagnés dans l’école. Ils le sont aujourd’hui par des auxiliaires de vie scolaire. Aucune solution pérenne n’a jamais permis de professionnaliser. Le gouvernement a donc lancé en octobre 2012 un groupe de réflexion sur le sujet. Lerapport de ces travaux vient d’être remis par Madame Pénélope Komites, présidente de ce groupe, et la professionnalisation de la mission d’auxiliaire de vie scolaire est à l’œuvre. Le rapport est riche de propositions qui sont en cours d’étude, mais d’ores et déjà, l’élaboration d’un référentiel d’activités, de compétences et de formation souligne la nécessaire reconnaissance d’une fonction d’accompagnement pour le jeune handicapé.

Par tous ces aspects la scolarisation des élèves en situation de handicap participe de la réussite éducative de tous et de l’édification d’une autre société, plus interactive humainement, plus solidaire, plus ouverte. L’Ecole a le devoir de permettre la réussite de tous les élèves, et notamment celle des jeunes en situation de handicap, parmi lesquels 80% ont un niveau inférieur au baccalauréat et dont seuls 20% poursuivent des études supérieures après avoir obtenu le bac.

Il s’agit bien de construire une société qui offre à chacun les conditions non seulement de s’épanouir personnellement, mais aussi d’obtenir une reconnaissance sociale, qui lui permettant d’être citoyen à part entière, citoyen de plein droit.

Publié le 12 juillet 2013 par Anne Vaneson-Bigorgne

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