« QUAND DES PARENTS KIDNAPPENT LEURS ENFANTS » Interview du Dr. Paul Bensussan, psychiatre, expert national (Suite)

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QUESTION : les affaires FORTIN et DEVAUX posent le problème du droit des enfants au cours des séparations parentales conflictuelles. Ce thème a fait l’objet du rapport thématique 2008 de la Défenseur des Enfants. Il pose également le problème des devoirs et du rôle des parents. Un parent peut-il prétendre tout apporter à son enfant ?
P.BENSUSSAN : Prétendre qu’un parent peut être tout l’univers de son enfant, qu’il peut lui apporter à lui seul tout ce dont il a besoin, relève à la fois du délire et de l’utopie. C’est nier à la fois la moitié du patrimoine chromosomique et psychologique de l’enfant, son besoin de fonder son identité propre en tant que sujet, de s’individualiser et de s’autonomiser. Soustraire son enfant à son univers pour le garder caché ou en réclusion revient à l’ « adultifier », à lui voler son enfance et traduit une pathologie. Celle du rêve fou de fabriquer un double de soi, un clone en quelque sorte. L’éducation suppose au contraire un devoir d’enrichissement et d’ouverture pour qu’un enfant puisse accéder au statut d’être libre, social et responsable.

QUESTION : Le rapt parental d’enfant est un délit sanctionné par le code pénal. Pourtant la majorité des plaintes pour non représentation d’enfants sont classées sans suite. Pour la société, « l’enfant n’est pas en danger car il est avec son parent (père ou mère) ». Quelles peuvent être les conséquences d’un rapt parental sur un enfant ?
P.BENSUSSAN : Les conflits parentaux de séparation ne sont pas sans conséquence sur le développement psychique et le devenir de l’enfant. Dans des situations d’aliénation parentale, les enfants sont victimes d’une grande violence psychologique (menace de retirer son amour, menace de suicide … ) et perdent parfois durablement leur libre arbitre, leur pensée et leur affectivité étant véritablement contaminées par celles du parent perçu comme protecteur. La dépendance, la peur et l’identification de l’enfant au parent aliénant vont influer sur le développement de symptômes traumatiques. De façon générale, sentiments de dévalorisation, repli sur soi, perte de confiance en soi, ou au contraire toute puissance – ces enfants déterminés perçoivent, très tôt, qu’ils sont plus puissants que des juges, bravant avec une audace confondante les décisions de justice – aboutissent à une perception biaisée de la réalité et sont autant de symptômes qui peuvent augurer de graves perturbations ultérieures.
Ces situations graves sont souvent méconnues. Seule l’intervention précoce est susceptible d’en améliorer le pronostic et d’en enrayer l’évolution. Dans les cas sévères, cette intervention doit toujours être psycho-juridique : l’expert psychiatre et le juge doivent répondre de concert à cette pathologie familiale gravissime, qui peut véritablement « effacer » la mémoire affective et déposséder un enfant de son histoire.

Dr. Paul BENSUSSAN
Tel : + 33 (0) 6 20 30 45 41 ou + 33 (0) 1 39 53 33 33
Courriel: courriel@paulbensussan.fr
Site web : www.paulbensussan.fr
Pour en savoir plus : lire « La Dictature de l’Emotion » Ed.Odile Jacob

L’Association Contre l’Aliénation Parentale pour le maintien du lien familial (ACALPA) est parrainée par Mme Simone Veil. ACALPA est reconnue par le Ministère de l’Intérieur comme une association d’aide et de soutien aux victimes de rapts parentaux d’enfants. Elle est partenaire de la Fondation pour l’Enfance et membre du Conseil Français des Associations pour les Droits de l’Enfant (COFRADE).
www.acalpa.org

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Source : ACALPA

Publié le 26 mars 2009 par Anne Vaneson-Bigorgne

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