Pourquoi légiférer sur la collecte et la conservation des cellules souches issues du sang de cordon ombilical ?

Le Député du Territoire de Belfort, Monsieur Damien Meslot, avec deux experts scientifiques, le Dr Nico Forraz et le Pr George-Fabrice Blum : ont présenté hier, le 9 décembre, les enjeux thérapeutiques et la proposition de loi sur le prélèvement et la conservation des cellules souches issues du sang de cordon ombilical.

Pourquoi légiférer ?

De nombreuses études scientifiques et médicales ont pu démontrer le potentiel thérapeutique des cellules souches issues de cordon ombilical, à la fois dans la thérapie cellulaire des maladies sanguines et immunitaires et dans le domaine de la médecine régénérative. Avec près de 85 indications thérapeutiques, les greffes ont pu traiter plus de 20 000 personnes depuis 1988. Or, seulement 7051 échantillons de cellules de sang de cordon ombilical étaient recensés dans le réseau des banques publiques en France alors que 828 000 naissances ont été déclarées en 2008.

« Aujourd’hui les parents qui le souhaitent ne peuvent que très rarement faire prélever et conserver en France le sang du cordon ombilical de leur enfant en vue d’une éventuelle utilisation ultérieure à son bénéfice ou celui d’un tiers. » Damien Meslot, député du Territoire de Belfort.

C’est pourquoi la proposition de projet de loi prévoit notamment :

(I) un droit à l’information pour toutes les femmes enceintes : en proposant qu’elles soient informées, à l’occasion des examens prénataux, de l’existence de cellules souches contenues dans le sang de cordon ombilical et de leurs indications thérapeutiques ainsi que de la possibilité d’en faire don pour les conserver en vue d’une éventuelle utilisation thérapeutique ou scientifique.

(II) de permettre qu’à terme chaque maternité en France puisse proposer la collecte, afin de permettre la préparation et la conservation du placenta, ses composants, et notamment le sang du cordon ombilical, dans des établissements et organismes, publics ou privés, en vue d’une éventuelle utilisation ultérieure au bénéfice de l’enfant ou d’un tiers, si les parents le souhaitent.

Prélèvement et conservation des cellules souches issues du sang de cordon ombilical, de quoi parle t-on ?

Au cours de la grossesse, pendant la vie intra-utérine, le foetus se développe grâce au sang contenu dans le placenta ; placenta auquel il est relié par le cordon ombilical. Ce sang circule par un système artèrio-veineux dans le cordon, d’où le nom utilisé de sang du cordon ombilical, aussi appelé sang placentaire. Le cordon ombilical et le sang de cordon ombilical contiennent des sources importantes de cellules souches qui peuvent être recueillies par le personnel soignant formé à cet effet (médecin accoucheur, sage-femme, infirmière), au moment de l’accouchement, sans contrainte et sans risque pour la mère et l’enfant.

Le sang du cordon ombilical (sang placentaire) contient de nombreuses cellules souches dites ‘hématopoïétiques’ qui ont la capacité de régénérer le système hématopoïétique (sanguin) et le système immunitaire contenus dans la moelle osseuse. Par ailleurs, il existe dans le sang de cordon ombilical plusieurs populations de cellules souches pluripotentes capables de se spécialiser, par différenciation cellulaire, en de nombreux tissus en laboratoire (hépatiques, pancréatiques, nerveux etc.). Le cordon ombilical contient, enfin, la gelée de Wharton, tissu conjonctif appelé mésenchyme, qui tapisse les vaisseaux dans lesquels circule le sang du cordon ombilical. De nombreux travaux ont démontré que la gelée de Wharton contient des cellules souches mésenchymateuses (en laboratoire ces cellules multipotentes permettent de recréer des tissus variés comme le tissu nerveux, pancréatique, osseux, cartilagineux, adipeux) qui sont prometteuses dans le domaine de la thérapie cellulaire et de la régénération tissulaire, aussi appelée médecine régénérative.

Thérapies cellulaires et médecine régénérative vers de nouveaux traitements

Les greffes de sang de cordon ombilical peuvent être appliquées, en principe, à toute pathologie pour laquelle les systèmes hématopoïétiques et immunitaires ne sont plus fonctionnels. Ces pathologies sont diverses et incluent des patients ayant reçu une chimio / radiothérapie au cours de certains cancers (lymphome, leucémie…) et pour lesquels la moelle osseuse a été détruite, certaines hémoglobinopathies génétiques (drépanocytose, thalassémie), déficits immunitaires (SCID, liés à l’X) ou maladies hématologiques avec destruction de la moelle osseuse (aplasie médullaire, anémie de Fanconi, anémie de Diamond Blackfran) ainsi que quelques maladies métaboliques rares. La thérapie cellulaire, à partir des échantillons de cellules de sang de cordon ombilical, peut être réalisée selon trois modalités déclinées suivant l’origine du donneur et du receveur :

– Utilisation allogénique non-apparentée : les cellules proviennent d’un donneur qui est en dehors de la cellule familiale biologique du receveur,
– Utilisation familiale allogénique apparentée : les cellules proviennent d’un donneur du cercle familial biologique du receveur en général de la fratrie,
– Utilisation autologue : le donneur est le receveur et ses propres cellules servent à le traiter.

Publié le 10 décembre 2009 par Anne Vaneson-Bigorgne

NEWSLETTER

Inscrivez vous à notre newsletter et recevez les dernières tendances dédiées
aux familles, parents et enfants