« Parler Bambin » un programme de prévention précoce de l’échec scolaire – 2ème partie

LA METHODE ET LES RESULTATS DE PARLER BAMBIN
Pour évaluer le programme, on a mesuré les effets sur les enfants qui en ont bénéficié (groupe expérimental) en les comparant à d’autres enfants (groupe témoin) qui n’en n’ont pas bénéficié, présents dans d’autres crèches. Le groupe expérimental était composé de 43 enfants qui, au départ, avaient entre 18 et 30 mois dans les deux crèches (Frênes et 143 Villeneuve) qui sont en Zone Urbaine Sensible (ZUS). Le groupe témoin était composé de 41 enfants du même âge, des mêmes origines sociales (métier et diplôme des parents, sexe), présents dans cinq autres crèches de la zone sud de Grenoble. Au temps T1, en décembre 2007, et au temps T2, en juin 2008, après la mise en oeuvre du programme, ces 84 enfants ont été évalués en développement général (moteur, social, autonomie) et en langage par les équipes de chercheurs avec des mesures directes par des tests standardisés et par des questionnaires standardisés remplis par les parents et les
professionnels des crèches.

Les résultats des évaluations montrent une progression plus importante et significative du langage (cf. graphique ci-dessous) pour le groupe expérimental alors que les autres composantes du développement ont évoluées, de façon similaire, pour les deux groupes. La progression en langage dans le groupe expérimental se constate pour l’ensemble des enfants concernés et même les progrès sont un peu plus fort pour ceux qui au départ avaient un niveau faible ou moyen.

EN GUISE DE CONCLUSION
Les personnels des crèches à l’issue de l’action expriment clairement le changement apporté dans leurs pratiques de stimulation langagières en direction des enfants, alors qu’au début de l’action, ils étaient convaincu qu’il faisait déjà ce travail. La vie collective de la crèche si elle encourage la socialisation elle ne favorise pas particulièrement les interactions langagières individuelles soutenues, surtout avec les enfants qui ne parlent pas ou sont de petits parleurs. Au même titre qu’il y a des ateliers de motricité, des ateliers de langage accompagnée d’une formation adaptée pour le personnel devraient, améliorer les compétences langagières des enfants.

L’effets du programme PB sur les compétences langagières va-t-il se maintenir dans le temps ? Est une des question importante que l’on doit se poser à l’issue de ce travail. Ce qui serait surement bénéfique dans l’évolution des enfants c’est que les parents dont les enfants ont bénéficié du programme continuent à stimuler le langage de leurs enfants et que ce travail conversationnel en petit groupe soit poursuivi en maternelle.

Pour participer à la réduction des inégalités on pourrait envisager :
– De donner une place plus importante dans le quotidien des crèches pour tous les enfants.
– De faire bénéficier d’atelier de langage régulier les enfants les moins habiles en langage.
– D’étendre progressivement ce travail à d’autres crèches et aux assistantes maternelles.
– En relation avec les centres de santé, des médecins libéraux et la PMI, service sociaux petite enfance de la ville, repérer précocement (22-36 mois) les enfants dont le développement du langage est tardif et de proposer aux parents concernés un accueil régulier et adapté (éducatrices jeunes enfants formée) dans un centre social pour les aider à stimuler le langage de leur enfant.

Michel Zorman
Médecin de santé publique. Centre de référence des troubles du langage CHU Grenoble
Laboratoire des Sciences de l’Education Université Pierre Mendès France Grenoble

Publié le 9 octobre 2009 par Anne Vaneson-Bigorgne

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