La Colline aux Coquelicots : chez vous dès aujourd’hui en Blu-ray et DVD

Umi, notre jeune héroïne, est la fille aînée d’une famille menée par la mère depuis que son père a disparu en mer. Elle est en première au lycée, aide beaucoup sa mère à s’occuper de toute la famille, qui comprend six personnes avec les pensionnaires. Les héros masculins du film sont Shun, le rédacteur en chef du journal de l’école, et Mizunuma, le président du conseil des élèves. Tous deux se méfient de la société et des adultes. Ils jouent un peu aux mauvais garçons, et en tant que tels ils n’essaieront jamais de plaire à Umi.

Pour les besoins du magazine dans lequel il a été publié, le ton du manga original était moderne, notamment par le recours aux cahiers de texte des deux garçons et à une intrigue tournant autour de leurs dettes contractées au mah-jong. Pour le film, nous pensons que ces éléments n’ont plus lieu d’être. L’intrigue évolue sur d’autres plans. En ce qui concerne les émeutes du campus, les deux garçons prendront chacun leur part de responsabilité aux dommages causés. Ils resteront maîtres d’eux-mêmes, étant par ailleurs attachés à des aspirations personnelles, bien décidés de ce que sera leur futur.

Tandis que les garçons regardent vers l’avenir, Umi se perd dans des horizons lointains, dans l’espoir du retour de son père disparu. Chaque jour, au fond du jardin d’une vieille bâtisse perchée au sommet d’une colline qui surplombe le port de Yokohama, elle hisse deux pavillons maritimes représentant les lettres U et W (“I wish you a pleasant journey”, soit “Je vous souhaite un agréable voyage”). Un remorqueur, qui passe régulièrement au bas de la colline, hisse chaque jour à son mât deux pavillons qui viennent répondre à ceux d’Umi. Peu à peu, ces échanges deviennent un rituel quotidien qui marque le commencement de chaque nouvelle journée.

Pourtant, un matin, les pavillons hissés sur le remorqueur sont différents. On peut y lire les lettres “U W M E R”. Un fanion de remerciements est également déployé. Immédiatement, Umi comprend que quelqu’un, sur le remorqueur, connaît son prénom. “Umi” signifie “mer” en japonais, et ce même mot français est lui aussi utilisé dans la signification des pavillons. Bien que troublée, Umi retourne vite à ses préoccupations quotidiennes.

LE TRAVAIL SUR LES DECORS PAR GORO MIYAZAKI

Le film se déroule en grande partie au sommet de la colline. C’est un lieu épargné par le développement tentaculaire de la cité, qui offre une vue spectaculaire sur la mer sillonnée par de nombreux cargos, bateaux de pêche, barges et remorqueurs, aujourd’hui disparus. L’action débute dans une vieille demeure qui fut une clinique privée jusqu’à l’époque où vécut le grand-père d’Umi. L’architecture des bâtiments scolaires est également particulière. Les lycées anonymes, tout en béton, étaient déjà très nombreux à l’époque, mais ne présentent pas d’intérêt visuel majeur. Certaines routes, sur le chemin de l’école, n’ont pas encore été goudronnées, et, dans la poussière, s’y côtoient pousse-pousse et camionnettes à trois roues.

Au pied de cette colline aux pentes abruptes, aux abords de la ville, s’entremêlent des routes qui dégorgent de voitures, bordées par des chantiers, des poteaux télégraphiques et par des forêts de panneaux. Depuis les cheminées des usines de la zone industrielle s’échappent d’épais nuages de fumées aux couleurs éclatantes, dans des tonalités grises, blanches, rouges et vertes (je n’invente rien !). Nous sommes à l’aube de la pollution de masse, à une époque où les signes d’une croissance économique conquérante côtoient encore les bidonvilles délabrés.

En basant notre décor sur un tout petit secteur de Yokohama, nous avons la possibilité de faire exister ce monde d’en bas, cet univers auquel devront faire face nos deux héros. Car Shun et Umi y entreprendront un long voyage, qui sera le point culminant du film. Tout ce qui concerne le secret entourant la naissance de Shun et Umi n’est au fond qu’un prétexte pour découvrir les deux personnages à travers leurs doutes et leurs réactions .

LA VISION D’UN PUR AMOUR PAR GORO MIYAZAKI

Shun et Umi sont des personnages qui vont de l’avant. Il n’y aura pas de shinju, d’autodestruction entre eux dans le film. Ils ne renonceront pas à leur amour. Rien, pour eux, ne sera jamais simple. Ils apprendront comment leurs parents se sont jadis rencontrés, comment ils se sont aimés et comment ils ont survécu au chaos de la guerre puis de l’après-guerre. Pour cela, Shun et Umi vont trouver de l’aide chez des vétérans de la marine, anciens camarades de combat de leurs pères, qui appartenaient comme eux à l’unité des Kamikazes.

Au terme de l’histoire, Shun et Umi reviennent sur le remorqueur piloté par un vieil ami de leurs pères, un homme qui se trouve également être le père adoptif de Shun. Umi découvre alors, pour la première fois de sa vie, à quoi ressemble, vue de la mer, la vieille bâtisse dans le jardin de laquelle elle a tant de fois hissé ses pavillons. Umi rentre chez elle pour de bon, avec à ses côtés ce père qu’elle a tant attendu, et un garçon solide, fiable et courageux.

Pour ce film, nous n’avons pas eu recours au style manga. Tout ce qui pouvait s’y référer directement dans la bande dessinée originale a été modifié. Nous avons tâché de traiter la chronologie et la topographie avec réalisme, sans y succomber totalement pour autant. Les personnages secondaires ne servent pas de faire-valoir comique. Les garçons ont une présence signifiante et crédible, et n’ont pas à être spécialement beaux. Dans le manga, le président du conseil des élèves était un personnage stéréotypé, qui répondait aux pires poncifs. Nous nous sommes attachés à conférer un certain réalisme aux camarades d’école d’Umi, qui ne sont pas de simples miroirs reflétant la beauté de l’héroïne. La grand-mère et la mère d’Umi, ainsi que leurs pensionnaires, sont des personnages hauts en couleur auxquels on peut également s’attacher. Nous espérons avoir créé un film dont les spectateurs ressortiront avec l’impression d’avoir eux-mêmes éprouvé ces sentiments, connu autrefois ces expériences, ces élans, et avec le plaisir de les avoir vécus à nouveau en compagnie de nos héros.

Sur Youtube :www.youtube.com/watch?v=VF0eclpkzcg

Publié le 16 juillet 2012 par Anne Vaneson-Bigorgne

NEWSLETTER

Inscrivez vous à notre newsletter et recevez les dernières tendances dédiées
aux familles, parents et enfants