Généraliser le dépistage dès la naissance, puis veiller aux infections ORL et aux traumatismes sonores

Et si mon enfant n’entendait pas…

Déficits auditifs : généraliser le dépistage dès la naissance, puis veiller aux infections ORL et aux traumatismes sonores

A l’occasion du 117 congrès de la Société Française d’Oto-Rhino-Laryngologie et de Chirurgie de la Face et du Cou, qui débutera samedi au Palais des Congrès de Paris, les experts insistent sur la nécessité de généraliser le dépistage de la surdité dès la naissance, offrant aux enfants les meilleures chances possibles d’adaptation et de réhabilitation. Ils reviennent aussi sur l’impact des otites séreuses et des traumatismes sonores qui doivent faire l’objet de la plus grande attention de la part des parents et des adolescents. Par ailleurs, le congrès sera l’occasion d’échanges sur les importants progrès en termes d’innovations diagnostiques et thérapeutiques.

Le projet de loi rendant obligatoire le dépistage de la surdité à la naissance devrait être présenté fin novembre à l’Assemblée Nationale

Entre un et quatre enfants sur mille naissent avec un déficit auditif. Les conséquences sont lourdes et parfois irrécupérables. C’est pourquoi « Tout déficit sensoriel doit être pris en charge le plus précocement possible, et donc identifié à la naissance », estime le Pr. Bernard Fraysse, chef du service ORL de l’Hôpital Purpan à Toulouse. Le dépistage précoce permet d’engager une stratégie de communication avec l’enfant, ce qui est primordial pour son développement.

Aux termes du projet de loi présenté par les députés Edwige Antier, Jean-Pierre Dupont et Jean-François Chossy, les maternités auront obligation de proposer ce dépistage. « Une expérience pilote régionale menée par la CNAMTS et l’AFDPHE1 a montré que près de 98 % des parents acceptaient le test qui dure 4 à 5 minutes à l’aide de la technique des potentiels évoqués auditifs automatiques (PEAA) », souligne le Pr. Noël Garabedian, chef du service ORL pédiatrique de l’Hôpital Trousseau. Dans un premier temps, « il s’agit plus d’un repérage que d’un dépistage », explique le Dr Edwige Antier, pédiatre et députée. Si le résultat du test est douteux il doit être confirmé par des examens plus approfondis qui sont réalisés dans les Centres de dépistage et d’orientation de la surdité (CDOS).

Génétique, imagerie de l’oreille et techniques de réhabilitation :
l’ORL High Tech au bénéfice d’une prise en charge plus efficace

« Une fois le déficit auditif repéré, l’enfant effectue un bilan complet à la fois orthophonique, psychologique, radiologique et génétique », explique le Pr. Noël Garabedian. Environ 75 % des surdités congénitales ont des causes génétiques. Lors du bilan génétique, il est important de distinguer les surdité familiales (20 à 25 %) et les autres.
La prise en charge est fonction du degré de surdité. L’imagerie permet aujourd’hui d’analyser les stimulations auditives et de suivre l’évolution de l’enfant. Dans la majorité des cas, la surdité est dite « de perception », et le problème se situe au niveau de la cochlée2.
Grâce au passage de l’analogique au numérique, l’appareillage externe a fait d’immenses progrès. Les prothèses auditives permettent de modifier les sons et de les rendre audibles.
L’implant cochléaire s’adresse principalement aux enfants dont la surdité est profonde ou totale et bilatérale. Il consiste en la mise en place chirurgicale d’une ou plusieurs électrodes au voisinage du nerf auditif. Elles transforment les sons en micro-courant électrique qui stimule le nerf. « La stratégie évolue vers l’implant bilatéral, explique le Pr. Noël Garabedian. Il permet un gain d’audition dans le bruit d’environ 20 %, avec une meilleure localisation temporo-spatiale, ce qui est très important pour l’enfant. »

1: AFDPHE ‐
Association Française pour le Dépistage et la Prévention des Handicaps de l’Enfant

2: Organe de l’oreille interne, rempli de liquide et tapissé de cellules ciliées.

De la maternelle au lycée :
des précautions à prendre pour prévenir les troubles de l’audition

A l’âge de la scolarisation, « l’otite séreuse est responsable de plus de 90 % des déficiences auditives chez l’enfant », souligne le Pr. Michel Mondain, service ORL du CHU de Montpellier. L’otite séreuse se caractérise par la présence de liquide qui exerce une pression derrière le tympan. Cette pathologie banale mais gênante entraîne des difficultés d’expression chez l’enfant qui entend mal.« Il existe certains signes d’appel comme le fait d’écouter la télévision fort, ou de ne pas répondre lorsqu’on l’appelle en promenade », explique le Pr. Michel Mondain. La prévention passe donc par une bonne prise en charge ORL qui vise à éviter les rhinopharyngites et à bien suivre les otites aiguës. Le traitement consiste en la mise en place de « yoyos » ou diabolos, qui résolvent le problème dans plus de 99 % des cas.

Indépendamment de tout événement infectieux, la toxicité du bruit chez l’adolescent doit aussi faire l’objet de la plus grande vigilance. Les traumatismes sonores détruisent des cellules de l’oreille interne, qui ne se renouvellent pas. Le bruit est toxique à partir de 85 dB, mais la dangerosité est fonction de la durée d’exposition. Un baladeur dont le volume est poussé au maximum produit une puissance sonore de 100 dB, alors que les crêtes peuvent atteindre 105 dB en discothèque. « Une exposition prolongée à de telles puissances peut entraîner des lésions irréversibles », souligne le Pr. Michel Mondain. Les conseils sont de régler le volume dans un endroit calme et d’utiliser des casques audio certifiés CE, qui sont limités à 100 dB. En discothèque ou en concert, il est conseillé de faire des pauses toutes les deux heures, voire d’utiliser des bouchons antibruit.

Le 117e congrès de la Société Française d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie de la face et du cou, qui se tient du samedi 16 au lundi 18 octobre au Palais des Congrès de Paris, est « la plus grande manifestation francophone de la spécialité », selon le Professeur Frédéric Chabolle, secrétaire général de la SFORL. Près de 4 000 participants sont attendus précise le Professeur Bernard Guerrier, Président de la SFORL et de cette 117e édition.

Focus sur le champ d’intervention de l’ORL…

La spécialité d’ORL comprend également la chirurgie cervico-faciale (cou et face). Ainsi, plus de la moitié des chirurgies de la thyroïde est réalisée par des médecins ORL, qui interviennent également dans les cancers de la gorge, la chirurgie oto-rhino par les voies naturelles, parfois assistée par ordinateur, et enfin la chirurgie plastique et reconstructrice de la face et du cou. La discipline a aussi une spécificité pédiatrique et des textes précisent la compétence des établissements de soins en fonction de l’âge des enfants. Deux grands domaines progressent dans la spécialité ORL : d’une part l’otologie avec le dépistage de la surdité et les implants cochléaires ; d’autre part la prise en charge des cancers avec de nouveaux médicaments et des actes chirurgicaux moins invasifs.

S.F.O.R.L.
Dr Jean-Marc Juvanon
Tél. : 06 80 87 31 26
juvanon@sforl.org
26 rue Lalo – 75116 Paris

Publié le 28 octobre 2010 par Anne Vaneson-Bigorgne

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