De l’enfant objet à la femme objet

Béatrice Bourges, porte-parole du Collectif pour l’enfant, se réjouit que le conseil d’Etat ait rendu un avis défavorable à la légalisation de la pratique des mères porteuses.

En effet, un consensus très large s’est établi autour des dangers que présenterait la légalisation de la gestation pour autrui (GPA), en premier lieu pour l’enfant. En témoignent quelques situations inextricables qu’entraînerait inévitablement la légalisation de cette pratique.

– Comment se poserait le problème d’une rétractation en cours de grossesse ? La mère porteuse pourrait décider d’avorter de cet embryon composé des gamètes des « commanditaires ». Inversement, pourrait-elle être contrainte à interrompre sa grossesse si le couple demandeur le lui ordonne, parce que l’enfant est handicapé, que le couple s’est séparé entre temps ou toute autre raison ?

– A l’ère du « tout psychologique », où le traumatisme prénatal prend un poids croissant dans les démarches thérapeutiques, comment nier les conséquences psychologiques d’une gestation pour autrui sur la mère porteuse, transformée physiquement et psychiquement pendant neuf mois, et pour l’enfant abandonné à la naissance ? Aucun parallèle ne peut être fait avec l’adoption : l’adoption est un abandon accidentel, la GPA est un abandon programmé.

– Quid du droit de rétractation après la naissance ?
Les projets en vue d’une légalisation envisagent que la mère porteuse puisse se rétracter dans les trois jours suivant son accouchement et décider de garder l’enfant qu’elle a porté. Comment l’admettre alors même que les gamètes utilisées pour « fabriquer » l’enfant proviennent de ses « parents intentionnels » ? Comment inversement nier le déchirement vécu par la femme qui a senti l’enfant grandir en elle pendant neuf mois ?

– Quel recours auront les parents devant le soin que la mère porteuse ne prendrait pas pour l’enfant qu’elle porte ? Pourraient-ils la contraindre à renoncer à boire ou à fumer ?

– Comment croire que la GPA ne serait pas un moyen pour une population désargentée d’obtenir des revenus en se mettant au service d’une population aisée, avec l’exploitation malsaine que cette situation implique ?

Devant ces situations insolvables, quels violents déchirements, quels procès impossibles à trancher la légalisation de la pratique ne préparerait-elle pas ?

Le Collectif pour l’enfant se félicite de ce que l’intérêt de l’enfant a prévalu au Conseil d’Etat sur un pseudo « droit à l’enfant » au nom duquel les dérives les plus dangereuses sont présentées comme une démarche de générosité.

Le Collectif pour l’enfant regroupe aujourd’hui plus de 60 associations de protection de l’enfance.

www.protection-enfance.fr

Source : Collectif pour l’enfant

Publié le 21 mai 2009 par Anne Vaneson-Bigorgne

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