Cancers de l’enfant : Une avancée diagnostique majeure pour la prise en charge du neuroblastome (2)

Vers une meilleure prise en charge thérapeutique
Grâce à ces études génétiques, de nouvelles données pourront désormais être prises en compte pour classifier les neuroblastomes et ainsi améliorer le diagnostic. Utilisés en clinique, ces résultats aideront à la décision thérapeutique. Les jeunes enfants ne présentant pas de risque d’évolution tumorale (tumeur de bon pronostic) bénéficieront alors d’une « désescalade thérapeutique » qui améliora leur qualité de vie tout en réduisant les séquelles pouvant être induites par la chimiothérapie.
Dans les formes très agressives pour lesquelles les traitements sont à ce jour peu efficaces, la recherche de nouvelles stratégies thérapeutiques est en cours. Elle pourra être facilitée par les nouvelles connaissances sur les mécanismes cellulaires déterminant l’agressivité tumorale, découvertes par l’équipe du Dr Olivier Delattre. Récemment, cette même équipe avait montré que l’altération du gène ALK est un événement fondateur du développement du neuroblastome3 et que ce gène peut même être considéré comme un gène de prédisposition au neuroblastome.
L’ensemble de ces découvertes, qui va rapidement faire progresser la prise en charge du neuroblastome, illustre parfaitement le modèle Curie « de la recherche fondamentale aux soins innovants », véritable accélérateur de progrès en cancérologie grâce à la proximité entre l’Hôpital et le Centre de Recherche .
L’équipe du Dr Olivier Delattre est labellisée par la Ligue contre le cancer ; cette étude a également reçu une aide financière de l’Association des Parents et des Amis des Enfants Soignés à l’Institut Curie (APAESIC), l’association les Bagouz à Manon, de l’Association Hubert Gouin, et de la Fédération Enfants et Santé.

Des confirmations du bien fondé de la classification moléculaire des neuroblastomes
Fin 2008, une étude du groupe européen de la Société Internationale de Pédiatrie Oncologique coordonnée par le Dr Jean Michon, chef du département d’oncologie Pédiatrique de l’Institut Curie, avait fait la preuve qu’une chirurgie seule était suffisante pour la prise en charge des jeunes patients porteurs d’une tumeur localisée sans amplification du gène N-Myc4. Chez ces enfants, les chimiothérapies adjuvantes ne sont donc pas nécessaires.
Très récemment, ce même groupe a montré que chez les enfants de moins de 1 an avec un neuroblatome présentant déjà des signes d’envahissement, mais n’ayant pas d’amplification au niveau du gène N–Myc, il est possible de réduire les traitements (chirurgie et chimiothérapie) et en conséquence leurs effets secondaires5. En revanche, chez les enfants porteurs d’un neuroblastome avec des métastases et une amplification du gène N- Myc, le pronostic est défavorable et ce, malgré une intensification de la chimiothérapie6. Cette dernière étude, coordonnée par le Dr Jean Michon, prouve la nécessité de continuer les efforts de recherche à l’échelle internationale pour mettre au point rapidement de nouveaux traitements.

(Début de l’article)

1 Forme mutante d’un gène (proto-oncogène) qui contrôle la croissance et la division cellulaires. Il contribue à transformer une cellule normale en une cellule
cancéreuse. Une mutation au niveau d’une seule des deux copies du proto-oncogène est nécessaire pour entraîner la production d’une protéine hyperactive
qui stimule continuellement la prolifération cellulaire.
2 Unité de Génétique et Biologie des cancers, Institut Curie/U830 Inserm, également dirigée par le Dr Olivier Delattre.
3 « Somatic and germline activating mutations of the ALK kinase receptor in neuroblastoma » I. Janoueix-Lerosey et coll. Nature, 16 octobre 2008, vol. 455, p. 967.
4 « Treatment of Localised Resectable Neuroblastoma. Results of the LNESG1 study by the SIOP Europe Neuroblastoma Group » B. De bernardi et coll. Br. J. Cancer. Octobre 2008, vol. 99(7), p. 1027.
5 « Excellent Outcome With Reduced Treatment for Infants With Disseminated Neuroblastoma Without MYCN Gene Amplification. » B. De Bernardi et coll. J Clin Oncol. 26 jan 2009 Jan 26. Publication en ligne.
6 « Poor Survival for Infants With MYCN-Amplified Metastatic Neuroblastoma Despite Intensified Treatment: The International Society of Paediatric Oncology European Neuroblastoma Experience. » A. Canete et coll. J Clin Oncol. 26 jan 2009 Jan 26. Publication en ligne.

Références
« The overall genomic pattern is a predictor of outcome in neuroblastoma »
I. Janoueix-Lerosey1, G. Schleiermacher1,2, E. Michels3, V. Mosseri4, A. Ribeiro5, D. Lequin1, J. Vermeulen3, J.
Couturier1,6, M. Peuchmaur7, A. Valent8, D. Plantaz9, H. Rubie10, D. Valteau-Couanet11, C. Thomas12, V. Combaret13,
R. Rousseau14, A. Eggert15, J. Michon2, F. Speleman3, O. Delattre1,5
1 INSERM U830, Laboratoire de Génétique et Biologie des Cancers, Paris 2Institut Curie, département de Pédiatrie, Paris 3Center for Medical Genetics,
Ghent University Hospital, Ghent, Belgique 4Institut Curie, service de Biostatistiques, Paris Cedex 5Institut Curie, unité de Génétique Somatique, Paris Cedex
6 Institut Curie, unité de Cytogénétique, Paris 7Hôpital Robert Debré, Service de Pathologie, Paris 8Institut Gustave Roussy, Département de Biologie et de
Pathologie Médicales, Service de Pathologie Moléculaire, Villejuif 9Centre Hospitalier Universitaire, Service Hématologie Infantile, Grenoble 10Hôpital des
Enfants, Unité d’Hémato-Oncologie Pédiatrique, Toulouse 11Institut Gustave Roussy, Département de Pédiatrie, Villejuif 12Centre Hospitalier Régional,
Service Hémato-Oncologie Infantile, Nantes 13Centre Léon Bérard, Laboratoire d’Oncologie Moléculaire, Lyon 14Centre Léon Bérard, Département de
Pédiatrie, Lyon 15University Children’s Hospital of Essen, Department of Paediatric Oncology and Haematology, Essen, Allemagne
Journal of clinical oncology, 1er mars 2009

Source : Institut Curie

Publié le 5 avril 2009 par Anne Vaneson-Bigorgne

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